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L'Étrange été de Tom Harvey
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'espagnol par Delphine Valentin
Arles : Actes Sud, juillet 2020
396 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-330-13724-3
Coll. "Actes Noirs"
Entre farniente et meurtres
Tom Harvey est un musicien de jazz qui est un peu sur le déclin depuis sa séparation avec la femme de sa vie, la belle Elena. Il vit en Italie, partageant son temps entre des concerts dans des petits bars et un boulot de guide pour visiter Rome. Elena est la fille de Bob Ardlan, un peintre célèbre, ancien photographe de guerre, reconverti dans la peinture, une peinture qui se vend très bien. En vieillissant, il s'est "exilé" en Italie pour y peindre. Il oscille entre le bonheur de son travail et les cauchemars de son passé de photographe qui le hantent sans cesse. Un soir, Bob appelle Tom mais ce dernier, en galante compagnie, ne répond pas. Quelques heures plus tard, Elena appelle au secours son ancien époux : son père vient de se suicider et elle a besoin de soutien. Très rapidement, Tom découvre dans la superbe villa du peintre un panier de crabes avec le galeriste qui soutenait Bob, un secrétaire un peu margoulin, une voisine écrivain qui vivait sur sa gloire passée. Le peintre avait l'air obnubilé par la mort d'enfants, massacrés en Afrique par des mercenaires. Se serait-il suicidé pour ne plus voir les images de ces morts, qu'il a peint de nombreuses fois ? Un de ses voisins est un homme douteux qui est peut-être impliqué dans des magouilles immobilières et mafieuses. Aurait-il voulu la mort de ce voisin pour récupérer sa villa ? Le fait que le dit margoulin drague Elena rend peut-être aussi plus soupçonneux Tom...
Servi par un style classique, où le brave Tom Harvey raconte son aventure, entre ses activités chaotiques de jazzman et son amour éperdu pour cette femme qui s'est éloignée et qu'il espère reconquérir, le récit de Mikel Santiago développe diverses pistes, positionne des indices qui laisse planer jusqu'à la fin des coupables potentiels. À mesure que l'enquête avance, de nouvelles pistes apparaissent, les coupables se multiplient et l'atmosphère devient plus onirique, car les personnages semblent "voir" passer, comme des fantômes désireux de se venger, les enfants morts captés par l'appareil photo de Bob Ardlan. Le contraste avec l'insouciance des plages italiennes, du soleil et des amourettes renforce le côté intelligemment mené d'une intrigue qui, sans révolutionner le genre, offre une bonne variation du texte noir, où un narrateur, impliqué dans une affaire qui le dépasse et le concerne, essaie quand même d'y voir un peu plus clair.
Citation
De toute façon, quand la vie te sourit, et elle me souriait au moins ce soir-là, tu n'as pas envie qu'on vienne te casser les pieds.