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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Nicolas Zeimet
Paris : Le Toucan, juin 2020
368 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-8100-0950-3
Coll. "Toucan noir"
Problème de peau au pays de Galles
Le pays de Galles n'est pas vraiment le dernier lieu à la mode même si on sait que ce royaume dispose d'un prince et d'une équipe de rubgy. Mais pour le reste, c'est un peu vague. Parmi les auteurs récents, il y a au moins John Williams, qui a écrit quelques polars sympathiques, où la musique jouait un rôle et également Badlands, un recueil de ses rencontres avec divers auteurs du genre. Eh bien c'est ce même John Williams qui aujourd'hui nous propose Dernier recours sous le pseudonyme de John Lincoln. Il installe son histoire à Cardiff, pays de Galles, et c'est avec un réel plaisir que l'on ouvre ce nouveau roman. L'intrigue laisse glisser quelques indications qui peuvent penser qu'il y aura d'autres épisodes mettant en scène le personnage central. Ce protagoniste c'est une sorte de détective privé qui est au cœur de l'action. Il y a quelques années, un jeune homme noir, a été condamné puis emprisonné. Il a alors écrit ses mémoires et acquis une grande notoriété. Il a également ému par sa résilience une ancienne star du cinéma, qui a chargé Gethin, le détective privé, de réouvrir l'enquête peut-être bien baclée sur fond de racisme et de couleur de peau. Mais ,très vite, Gethin se rend compte que beaucoup de choses clochent : le prisonnier n'a pas l'air de collaborer à faire éclater sa propre innocence. Il y a dans l'enquête des zones d'ombre pouvant mettre en cause des policiers et ces derniers manifestent déjà quelques pressions envers l'agence de Gethin. De plus, sa propre situation personnelle n'est pas très reluisante : sa femme lui bat froid depuis quelque temps, il a du mal à lutter contre son addiction au jeu, et cette dernière passion pourrait lui causer des déboires financiers qui risqueraient de lui aliéner ses collaborateurs dans ses enquêtes. Enfin, son père, juge influent, ne semble pas l'apprécier à sa juste valeur. Mais Gethin est un détective, qui plus est gallois, et visiblement, cela ajoute un fort élément obstiné, têtu. Il va foncer pour découvrir la vérité quel qu'en soit le prix.
Nous sommes donc bien dans une intrigue de facture classique se divisant entre une enquête somme toute de routine (revenir sur une affaire jugée et essayer de voir les détails qui auraient échappé aux premiers enquêteurs) et des personnages présentés aussi dans leur vie personnelle. John Lincoln, l'auteur, a du métier et il sait construire son histoire et ses personnages pour les rendre crédibles et vivants. Il ajoute également quelques rebondissements bienvenus qui renforcent la qualité du texte et de l'intrigue. Qui plus est, une certaine désillusion berce l'ensemble du roman (il est difficile de ne pas retomber dans ses vieux démons, il faut se battre pour essayer de s'en sortir), et apporte ce petit plus qui rend très agréable la lecture de ce Dernier recours.
Citation
En temps normal, Gethin ressentait un profond désespoir en arrivant au bureau. Les murs décrépis, l'odeur de moisi pénétrante, le vieux lino sous les semelles, tout dans ce décor donnait l'impression qu'il était engagé dans une entreprise inutile et vouée à l'échec.