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Grand format
Inédit
Tout public
338 p. ; 20 x 15 cm
ISBN 978-2-35887-639-1
Coll. "Littérature"
À la mémoire du père inconnu
À un moment dans le récit de Nicolas Jaillet, il est fait allusion à une ogresse. Même si cela peut paraitre anecdotique, ça résume aussi un aspect important de Mauvaise graine, c'est son côté à la limite du fantastique - peut-être aussi parce que le roman est rapidement mené et entraine sur des pistes que l'auteur explore peu tant il estime - à juste titre sans aucun doute -, que le lecteur baigne dans une atmosphère à mi-chemin entre le polar et les éléments fantastiques. Dès le point de départ, on se trouve dans cette ambivalence : Julie est institutrice dans un petit village. Elle a trois amies proches qui sont "maquées", et elle est encore célibataire. Un soir, invitée au restaurant par ses copines, Julie découvre avec stupeur qu'il s'agit d'un "piège" : un homme célibataire est là, visiblement afin qu'elle puisse trouver chaussure à son pied. Mais, devant ses avances, et alors que ce "n'est pas son genre", Julie lui règle son compte avec une fourchette dans sa main trop entreprenante... Lorsqu'elle se réveille, quelques heures plus tard, comme émergeant d'un coma alcoolique, elle est dans sa salle de classe, vomissant et mal à l'aise. Mais elle se rend compte rapidement que si elle vomit c'est aussi parce qu'elle est enceinte. Mais de quoi et de qui ? Car il ne lui semble pas avoir couché avec quelqu'un récemment. Ou alors c'est qu'elle était trop ivre pour s'en rappeler. Dans ce cas, ce serait un des amis de ses copines... Le doute s'installe et la vérité sera encore plus complexe qu'elle ne le croit.
Le roman se compose de deux parties. Dans la première, nous sommes dans le quotidien de cette pauvre jeune femme qui entre deux ivresses cherche à savoir qui pourrait bien être le père de cette mauvaise graine qu'elle porte sans trop savoir comment cela serait arrivé. Ça permet de faire monter une angoisse diffuse au milieu du quotidien, vu de manière assez drôle, d'une jeune institutrice débordée d'un petit coin de France. La deuxième partie est également menée tambour battant, avec humour, mais raconte comment Julie va essayer de s'en sortir pour comprendre cette grossesse imposée. Sans entrer dans les détails, c'est une description en demi-teintes d'un complot qui la dépasse mais l'ensemble est raconté de façon alerte, comme si c'était une évidence, comme si le lecteur acceptait ce sense of wonder, cette disparition absurde de la logique pour une intrigue qui pourrait sembler tirée par les cheveux pour un esprit très rationaliste, mais qui est bien dans l'air du temps et ne pourra pas choquer les lecteurs modernes, qui visionnent des séries télévisées depuis des années. Nous connaissions La Manufacture de livres pour son côté noir des romans qu'elle publie. En s'ouvrant vers une histoire plus rock'n roll et colorée, elle ne perd cependant rien sur la qualité de sa publications !
Citation
Elle émerge et c'est un cauchemar. Toutes les cellules de son corps sont sur le point d'exploser. Le tocsin dans sa voûte crânienne annonce la révulsion de l'estomac, puis viennent les sueurs froides et le goût de cafard sucré qui se révèle dans sa bouche.