Les Contes du Seum

On disait de Villa qu'il avait été bandit et ivrogne. Vrai dans le premier cas, un putain de mensonge dans l'autre, vu qu'il ne buvait pas la moindre goutte d'alcool.
Paco Ignacio Taibo II & Eko - Pancho Villa : la bataille de Zacatecas
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Roman - Noir

Les Contes du Seum

Humoristique - Social - Urbain MAJ mardi 01 septembre 2020

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 17 €

Paul Séré
Paris : Le Cherche midi, juin 2020
154 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-7491-6365-9

Allez descends Manu !

Voici donc un recueil de cinq textes dont le titre est le prénom du narrateur, chaque récit se situant dans un espace de banlieue, la cité du Seum. C'est également l'occasion pour Paul Séré, l'auteur, d'évoquer avec humour des clichés classiques de la dite cité. Ces récits entre les mains de Marc Villard deviendraient des billes noires et sombres mais Paul Séré, artiste de "la banlieue", vient du stand-up et du Jamel Comedy Club. Aussi intègre-t-il des notations humoristiques, des scènes drôles, ironiques, parfois loufoques, tandis que les textes, souvent restituant la parole interne d'un personnage avec son point de vue particulier qui renforce le côté drôle. À titre de comparaison (qui n'est pas déraison), sans l'aspect policier, il y a un côté Chester Himes partant dans tous les sens, avec un sens aigu du détail et surtout du clin d'œil. Aucun texte ne départ, et chacun évoque une réalité légèrement différente des banlieues. Dans le premier texte, c'est un pit-bull, intellectuel qui rêve d'avoir le prix Goncourt, adore la littérature mais, pour complaire à son maître, accepte de se fabriquer la personnalité d'un vrai pit-bull, ayant un regard attendrissant et apitoyé sur lui. Tony raconte l'histoire d'un petit gars devenu footballeur professionnel qui a renié sa Cité mais doit y revenir après avoir coulé sa carrière en quelques heures. Mais les gens de la Cité n'ont pas oublié son reniement. Omar est sans doute le plus kafkaïen, version Marx brothers, avec son petit gérant de MacDo qui veut s'en sortir en convoyant trois cents kilos de cannabis. Pour passer inaperçu, il décide de se déguiser en policier, mais il le fait un soir d'émeutes, alors qu'il passe son temps à croiser des jeunes énervés ou des vrais policiers. Le comble arrivera lorsqu'il croisera sa mère qui fait des courses... Deux autres histoires jouent aussi la carte de l'humour, mais en utilisant des situations plus imaginaires, par exemple en s'inspirant d'Hibernatus. C'est ainsi que Denis commet un cambriolage, mais qu'il tombe dans une cuve pour se réveiller des années plus tard. Quand il sort de la cuve, il ne sait comment vivre dans un monde dont il ne possède pas les codes, qui a des appareils inconnus comme un téléphone portable. Heureusement il lui reste un gros butin, mais comme entretemps on est passé du Franc à l'Euro... Dans la dernière nouvelle, nous sommes dans un futur proche, où Karim est le nouveau Ministre de l'Intérieur. Il a promis de rétablir la République dans les quartiers chauds, ceci afin de briguer la magistrature suprême, mais il est enlevé par des habitants de l'un de ces quartiers. Alors un simple question : comment reconnaitre un ministre beur d'un révolté beur quand on fait partie des forces de l'ordre ? Ces cinq textes qui, malgré l'unité du thème, sont des variations éloignées, des histoires bien différentes. Paul Séré, par le biais du personnage-narrateur nous entraine dans son univers, dans ses peurs et envies, avec force et vigueur. Multipliant les traits drôles, ce qui renforce la force de sujets souvent traités sous un angle dur ou misérabiliste, Les Contes du Seum méritent d'être lus.

NdR - Le recueil comporte les textes suivants : "Keyser", "Denis", "Tony", "Omar" & "Karim".

Citation

Faut voir la honte que je me tape avec lui au bout de ma laisse. Pour me donner l'air encore plus méchant, il n'a rien trouvé de mieux que d'utiliser une chaine de moto pour me tenir. C'est lourd, c'est bruyant. Ça ne sert à rien.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 01 septembre 2020
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page