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La terre, le corps et la vengance
L'Alta Rocca est une partie géographique de la Corse. Là, vivent encore quelques partisans des temps anciens (surtout que le roman se situe entre 1820 et 1870) qui se fondent sur le maquis, la vendetta et les rapports de force. Le roman de Philippe Pujol va se concentrer plus particulièrement sur Orso, l'un des derniers membres d'un clan autrefois glorieux. Suite aux vendettas, il est presque le dernier héritier d'une grande famille. Son frère qui ne veut pas jouer le rôle traditionnel va le quitter pour émigrer aux États-Unis d'où il enverra quelques lettres. Donc Orso doit lutter contre la police et la justice française, représentées par des gendarmes particulièrement peu accommodants, et contre Santo, un bandit qui veut devenir un homme fort de l'île. Pour ce faire, il est prêt à user de son influence pour que le clan Orso, et surtout sa puissance passée, rejaillisse sur son propre pouvoir naissant. Mais tout est compliqué dans ce monde corse où alliances, vengeances anciennes et autres codes de l'honneur se répondent et débouchent sur des moments de folie qui peuvent tout engloutir. Le roman pourrait s'apparenter à un roman noir, mais c'est surtout un roman historique de qualité, un roman âpre comme les lieux et personnages qu'il décrit. Très axé sur la psychologie de ses personnages, sur leurs liens, sur des scènes parfois rudes qui montrent bien la folie des hommes et l'attachement que l'on peut avoir à sa terre, Alta Rocca est aussi un cri d'amour, un long poème sur une région, ses habitants et ses mythes, en même temps qu'une réflexion sur l'histoire de la Corse, y compris à travers ses propres légendes et lieux communs. Servi par une construction qui alterne les personnages, les lieux, les époques, le récit emporte la conviction, et même s'il est sans doute loin des lectures habituelles d'un amateur de polar, ce détour est un voyage, une escale des plus intéressantes.
Citation
Il est des secrets si durs à porter qu'ils sont transmis aux descendants par petites gouttes, depuis le plus jeune âge, comme de minuscules doses d'arsenic dans la bouillie du bébé, un mal qui se distille ensuite dans l'âme jusqu'à cristalliser les larmes de l'enfant, les empêcher de couler, sinon vers le for intérieur, jusqu'au cœur, pour se figer, à l'âge adulte, en une mélodie inextricable. Celle qui mène au massacre.