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Poche
Réédition
Tout public
Ni dieu, ni maître, ni patron... par devant et par derrière
Drano est un pur anar qui vend son fanzine, Ni dieu, ni maître, ni patron (NDNMNP) sur le marché Richard-Lenoir, à côté d'Alonzo, un poissonnier qui se sert de sa feuille de chou pour emballer sa poiscaille (et ainsi rémunérer quelque peu le rédac'chef). Eva est une fille de l'Est, en provenance de Tallinn (bon, c'est en Estonie, dans un pays Balte comme la Lituanie mais pas la Lituanie même si Pouy en résumant les trois premiers épisodes la délocalise du nord au sud), qui a fait un break boulevards des Maréchaux avant que de terminer pute de luxe pour des entrepreneurs pas si entreprenants que ça question sexe remisés dans un château quelque part en Bretagne. Là où ça se corse (ou se bretonne vu que l'on erre de Morlaix à Lamballe), c'est quand Eva après une fornication avec un homme dénudé mis à part les liens qui l'entravent fait joujou avec une espèce de télécommande qui actionne une lance qui perfore son ancien compagnon de jeux. Le tout sous les yeux d'une assemblée masquée comme on pourrait en trouver dans l'aventure de Tintin, Les Cigares du pharaon (Pouy adore Hergé). Mais alors, qui se cache derrière ce Rastapopoulos d'opérette, membre de l'ordre de Cralatava (pendant de l'Opus Dei et fondé selon la légende pouyienne en 1158) ?
Les deux vont se croiser dans la gare de Morlais. Le lien ? Marcel, un parano des télécoms qui refuse d'avoir un portable et appelle à heure donnée d'une cabine vers une autre cabine. C'est un copain de Drano qui drague sur les Maréchaux la prostituée qu'il espère remettre sur le bon chemin : celui de sa couche. Car Eva a pu s'enfuir grâce à Igor, l'homme à tout faire de la demeure seigneuriale. Faut dire qu'il n'est pas resté insensible aux charmes et à la sculpture de la péronnelle. Le pourfendu était un homme d'affaires. L'un d'une liste qui tend à augmenter. Drano, Rouletabille en puissance dans un roman-feuilleton paru initialement en cinq épisodes dans la défunte revue Shanghai Express et en treize épisodes tout le mois de juillet 2006 sur le site Noircommepolar, et qui s'offre ici un sixième épisode inédit et final (la version livre diffère quelque peu de la version internautienne), va alors activer ses méninges et jouer au fin limier afin de débusquer l'affaire qui mettra à mal le grand capital.
Que dire de plus ? Rien sinon que Les Compagnons du veau d'or est un livre sans queue ni tête (entendez par là que le livre est imprimé tête-bêche comme les vieux timbres poste, les trois premiers épisodes dans un sens, les trois derniers dans l'autre, ce qui permet à Jean-Bernard Pouy de les dédicacer par devant et par derrière) aux rebondissements multiples, abscons et ubuesques qui font de Jean-Bernard Pouy le fils diabolique de Ponson du Terrail et d'Edgar Wallace.
On en parle : La Vache qui lit n°107 |Carnet de la Noir'Rôde n°39 |La Tête en noir n°142
Citation
Avec une pareille info, Drano deviendrait à coup sûr le journaliste le plus célèbre de France, l'équivalent d'un des mecs du Washington Post, à l'époque de Nixon et de Gorge Profonde.