Landru : l'élégance assassine

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Essai - Policier

Landru : l'élégance assassine

Historique - Tueur en série - Faits divers MAJ samedi 12 septembre 2020

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18,9 €

Bruno Fuligni
Monaco : Le Rocher, septembre 2020
250 p. ; illustrations en noir & blanc ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-268-10413-3
Coll. "Histoire"

Landru, encore et toujours

Bruno Fuligni (historien, écrivain et maître de conférences à Science-Po) est l'auteur incontournable d'une quarantaine d'ouvrages socio-économico-politico-policiers couvrant majoritairement la fin XIXe et le début du XXe siècle. Il a la main sur les Archives et sort un livre plus vite que son ombre. Voilà qu'il ajoute LANDRU à son tableau de chasse et on se demande pourquoi vu, déjà, la monstrueuse bibliographie consacrée à cette affaire.
Comment s'insérer parmi tous ces auteurs ? Comment se démarquer de ce qui a déjà été fait ? Voilà le pari que relève Bruno Fuligni qui table sur la lisibilité, le chapitrage clair en réunissant aussi cartes postales humoristiques, Unes de journaux, caricatures et clichés d'audiences etc. en un carnet de photos exemplaire. Une bibliographie pointue (où même Landru est inscrit comme auteur) cite aussi bien un catalogue de vente aux enchères (la Bibliothèque Zoummeroff) qu'un livre de photos contemporaines de Jean-Michel Turpin (Sur les lieux du crime, retour sur ces lieux anodins, témoins des grandes affaires criminelles, La Martinière, 2010). Une rubrique "fiction", sur le personnage de Landru, agrandit le champ. Restent les sources de la presse et des archives ainsi que des complaintes et billets rigolos édités après son exécution.
L'auteur a décidé d'impliquer d'emblée le lecteur en prenant la parole au nom d'un enquêteur, le commissaire Belin, authentique personnage qui fit paraître ses mémoires, Trente ans de Sûreté Nationale en 1950. Faire rejouer ce narrateur en pompant dans ses mémoires est une technique comme une autre pour entrer dans le récit d'une façon plus abordable et plus "littéraire". De fait, l'ouverture du chapitre 1 intitulé "Du charme ambigu des maisons de campagne" où le narrateur Belin, en retraite, fait le parallèle entre sa maison de campagne et la fameuse villa louée par Landru (dite Villa de Gambais ou Villa Tric du nom de son propriétaire) s'avère une introduction motivante à l'Affaire. Mais, bien vite, le "Je" s'efface devant les faits après l'heure de gloire de Belin qui arrêta Landru après une nuit de planque. Reste cette affaire incroyable où Landru sous couvert de ses dizaines de pseudonymes rafla des cœurs esseulés pendant la guerre avant de les emmener à Gambais dans sa villa isolée. Là, d'après une photo publiée ici, c'est dans la cave, sur une dalle, qu'il dépeçait ses victimes après les avoir étranglées, avant de brûler les morceaux dans sa cuisinière et disperser les cendres aux alentours...
On retiendra de ce nouveau récit, l'arrestation de Landru (1919) après avoir été reconnu par la sœur d'une disparue dans un magasin de vaisselle ; le procès (1921) où l'accusé se défendit avec cynisme et esprit sans jamais avouer mais tout en dédicaçant ses photos ; et enfin son exécution capitale (début 1922). Bruno Fuligni n'oublie pas de conclure sur le suicide de Fernande Segret, la maîtresse de Landru, présente lors de son arrestation en 1919 et qui se suicide en... 1968 après avoir attaqué Claude Chabrol en justice à la suite de la sortie de son film Landru sur un scénario de Françoise Sagan. Un télescopage d'époques bien vu en conclusion.

Citation

On veut que mes prétendues fiancées soient devenues mes maîtresses le lendemain de notre rencontre. Quelle légende !

Rédacteur: Michel Amelin samedi 12 septembre 2020
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