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Ici finit le monde Occidental
Grand format
Inédit
Tout public
302 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-35887-644-5
Coll. "Roman noir"
Quand le monde connu s'écroule
Matthieu B. Gousseff nous propose un premier roman avec un bien joli titre à double (ou plus si affinités) sens. Tout d'abord le récit se déroule à Brest, et même dans la rade du port donc vraiment géographiquement à ce qui pourrait être considéré comme le point final de l'Ouest (ce n'est absolument pas un hasard si par-là se trouve le département du Finistère). Ensuite, le récit va raconter une fin du monde, une apocalypse (en réduction certes, mais bon, ne gâchons pas notre plaisir).
Donc, à Brest, il y a des laboratoires qui préparent de nouvelles armes, et notamment des produits chimiques qui pourraient être injectés aux humains et décupler leurs forces en cas de conflit. Si l'on fait des tests en laboratoire, sur des rats (c'est le travail de Thierry Lorentz, le patron, et de Thomas, son nouvel assistant qui est un petit animalier), cela a l'air de fonctionner, mais les résultats sont complexes à analyser, et parfois le produit ne fonctionne pas correctement... Ce qui ne va pas empêcher l'armée de le tester in situ. En parallèle, l'épouse de Lorentz a créé un groupe de lobbying, et a pour amant un officier particulièrement intéressé par ces travaux. C'est par lui que l'on pourrait accéder au produit miracle et le tester en "vrai". Pour se "détendre", cette épouse travaille aussi avec des humanitaires qui ont pris en charge les marins ukrainiens d'un bateau coincé dans la rade. Mais ces marins, sans ressource, pourraient-ils être utiles à d'autres personnes ? Et pourquoi l'ambassade de Russie aimerait les aider ? Et puis les choses dérapent et Lorentz s'enfuit tandis que la ville de Brest se prépare à une catastrophe.
Le roman à l'intrigue rendue complexe à comprendre au premier abord est basé sur une construction très particulière, alternant les points de vue et les personnages au sein d'un même chapitre, sautant allégrement les barrières temporelles et demandant une attention de chaque instant. Mais ce n'est pas un défaut, au contraire, tant cette construction est maîtrisée et entraine le lecteur dans la suite de cette (més)aventure. Les personnages sont très bien dessinés au sein de péripéties fortes et d'une noirceur impressionnante. Plusieurs fois, le roman bascule d'un point à l'autre, avance par à-coups, prenant le lecteur pour collaborateur (co-créateur) de son histoire. Par rapport au titre le monde occidental est en train de finir car il est parcouru par des forces cyniques qui mettent à bas ses valeurs, par pure démagogie ou corruption, parce qu'il est plus facile de se voiler la face que d'agir. Dans le corps du texte, un soldat, engagé parce qu'il croyait à certaines valeurs explique bien que nous sommes en guerre, que nous allons la perdre parce que les "chefs" préfèrent la perdre que de saborder une once de leur confort, parce que le monde occidental est sur le point de disparaître, sans bruit, de manière cachée (comme la fin du roman le raconte dans cette fuite hors de Brest).
Ici finit le monde Occidental est un premier roman très réussi, qui achèvera de nous déprimer.
Citation
Au premier coup, c'est le poids qui surprend, et le froid, mais si on laisse la tête partir sur le côté, sans trop résister, ça ne fait pas si mal et on se dit qu'un simple coup de poing serait plus efficace.