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Grand format
Inédit
Tout public
388 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-8100-0940-4
Coll. "Toucan noir"
Fallait pas le faire sortir du Mékong
Au Vietnam, dans un hôtel borgne de Saïgon, l'agent de la DGSE Philippe Rohde disparaît, laissant derrière lui un cadavre. L'agent secret est impliqué dans une magouille d'État titanesque et il se doute bien que le TC2, le service de contre-espionnage du parti communiste vietnamien, ne le lâchera pas comme ça. Or sa disparition n'est qu'une manipulation de plus... Pour récupérer son agent, la DGSE envoie le journaliste Vincent Caron, qui a bien connu le Vietnam. Journaliste qui est en fait un contractuel des services secrets sous couvert de reportages... Cependant, dans ce pays encore meurtri par la guerre, cette mission vire au piège. Caron a mis la main dans un panier de crabes où s'affrontent les agents de divers pays, tous avides de mettre la main sur Rhode. Des hauts généraux jusqu'aux prostituées servant d'informatrices, c'est tout un petit monde qui s'agite, se trahit et s'entretue. Mais qu'a bien pu découvrir l'agent de la DGSE pour justifier un tel acharnement ?
Plutôt que la référence à James Ellroy de la couverture (pour le critique paresseux, il est du dernier bon ton de comparer aléatoirement les auteurs non-américains - des sous-hommes, quoi - à James Ellroy ou Stephen King, voire Michael Connelly, pour peu qu'on soit un minimum cultivé), Marc Charuel continue de faire perdurer l'espionnage de papa, avec ses ballets d'agents secrets semblant fonctionner en circuit fermé, comme un monde parallèle rencontrant épisodiquement celui du commun des mortels, ou seules les "centrales d'énergie", comme les appelait John Buchan, ont changé et le manichéisme béat n'est plus d'actualité. Bien sûr, en bon grand journaliste (comme son héros, il a couvert le Vietnam, sujet de son document Les Cercueils de toile sur le retour à la vie des reporters du conflit), le tout est étayé par une documentation solide et une ambiance lourde et poisseuse qui évoque un Apocalypse Now (où il s'agissait aussi de retrouver un disparu) ou l'excellent et passé inaperçu Gandhara de Richard Canal. Donc rien que du bon ? Oui et non, car six cent cinquante pages c'est beaucoup, et le récit aux personnages innombrables finit par s'étirer inutilement, bien après avoir créé ce vertige propre au genre, jusqu'à finir par noyer le poisson. Dommage, car le roman se termine sur une incursion aux confins du pays impressionnant, et bourrée d'action jusqu'à un coda d'une ironie cruelle du plus beau noir. Les nostalgiques du genre devraient cependant y trouver leur bonheur.
Citation
Les difficultés auxquelles il était confronté depuis quelques temps avec la direction du parti lui prouvaient une fois de plus que si l'on pouvait se donner corps et âme à son pays, au point d'en tomber amoureux, la réciproque n'était jamais vraie. Le parti ne vous aimait pas. L'État encore moins. Du début à la fin de sa carrière, on était et restait en sursis.