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Grand format
Inédit
Tout public
Paris : Le Seuil, 0000
528 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-02-097948-1
Coll. "Policiers"
Les dettes des pères
Il était trois amis (Matteson, Ezra et Temple) qui avaient fait la guerre du Vietnam. Au retour, ils se sont partagés une petite ile sur un lac de l'Indiana. L'un d'eux, Matteson, est parti à Miami où il a fait fortune en travaillant pour des trafiquants de drogue, et est devenu le bras droit du parrain local. Il a été tué, et son fils a appelé Temple à l'aide. Ce dernier, devenu policier, l'a aidé à tuer les assassins et est devenu un tueur à gages du clan tout en continuant à travailler pour la police. En même temps il a essayé d'élever son fils Franck dans l'esprit du combattant. Mais dénoncé anonymement, Temple s'est suicidé laissant un fils désespéré, juste soutenu par un autre officier du FBI. Ezra et Franck ont alors passé un marché avec Matteson, soupçonné d'avoir été le traitre : il n'aura plus le droit de revenir sur leur ile...
Des années ont passé : Franck qui vit tranquillement de petits boulots en petits boulots reçoit un appel d'Ezra. Matteson a décidé de revenir sur l'ile. C'est une déclaration de guerre ! Franck vient. En route, il voit une voiture immatriculée à Miami. Il provoque un accident mais ce n'est pas Matteson au volant. Toutefois, le conducteur se comporte de manière bizarre et les deux voitures sont dépannées par Nora, une jeune fille qui a essayé de reprendre le garage paternel qui se trouve dans la petite ville de Tomahawk, qui borde le lac.
Quelques heures plus tard, des tueurs arrivent et tout pousse à penser qu'ils sont liés à Matteson : il vient en effet d'être victime d'un attentat à Miami. Tous les soupçons se portent sur Temple.
Une partie du roman policier noir américain se tourne vers les grands espaces, la nature préservée où survivent quelques villageois et des américains dégoutés de la vie capitaliste et des grandes villes frelatées. Ici, ce sont les forêts profondes du Nord, des lacs et de la chasse qui servent de décors, superbement décrits, à cette sombre histoire où les crimes et les trahisons des pères doivent être soldés par les enfants. Les personnages centraux sont mus par cette force de la dette qu'ils ne peuvent supprimer et qu'ils doivent cependant acquitter. Évitant les longues descriptions de la violence facile et gratuite, évitant les retours en arrière sur l'amitié guerrière, Michael Koryta se concentre sur Franck qui doit assumer un père qui fut à la fois un tueur à gages et un bon père de famille, qui l'aida de tout son mieux à grandir dans le respect des valeurs auxquelles il a cru. En contrepoint, le parcours de Nora qui elle aussi aide son père à poursuivre son rêve même si cela est épuisant et l'éloigne de ses études, répond bien sur un autre ton à ce travail de l'héritage dû.
Lorsque les intrigues se recoupent et que l'on comprend sur quel(s) gigantesque(s) malentendu(s) se sont construites les vies des acteurs de ce roman, La Nuit du tomahawk gagne encore en intensité et le final où les personnages se battent entre eux, contre les éléments et surtout contre leurs propres démons, explose de mille feux. Maitrisé de bout en bout, ce roman confirme et amplifie les bonnes impressions de ses prédécesseurs et annonce un auteur américain avec lequel il faudra compter.
On en parle : La Vache qui lit n°110
Citation
Son père avait connu un monde étranger à la plupart des gens, un monde de violence permanente. Il préparait son fils à y pénétrer, un point c'est tout.