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Enlèvements en série
Le titre de ce nouveau roman de Marcel Audiard fait référence à la célèbre afffaire Omar Raddad qui défraya la chronique judiciaire il y a une trentaine d'années. Le clin d'œil à l'époque est une habitude de la famille Audiard, comme le récent Temps Noir consacré aux Tontons flingueurs pourrait le rappeler. Ici, le Maure en question, c'est peut-être ce jeune adolescent qui emmène sa "fiancée" au Maroc et entend bien découvrir les premiers grands frissons amoureux avec elle. Mais derrière cette bluette se cache tout un univers de malfaisants, de bourre-pifs et autres tireurs en coin qui se pourchassent à travers l'Europe, se cachent en Suisse, espionnent de droite et de gauche, transformant en puzzle à la fois leurs ennemis et l'intrigue du roman.
Plus qu'un résumé, ce qui s'avérerait complexe dans ce troisième volet d'une trilogie (que l'auteur nomme sa crilogie) qui renoue tous les fils des histoires et intrigues précédentes pour apporter une touche finale à l'édifice, il est préférable de s'intéresser au style de Marcel Audiard qui malmène la langue, comme son grand-père ou comme le faisait San-Antonio dans une grande partie de ses romans, la triture presque autant que ses personnages qui sautent d'un train, s'engouffrent dans une voiture, poursuivent des truands et sont pourchassés par des vieux espions israéliens, s'embarquent pour des courses improbables et se vautrent dans des à-peu-près jouissifs ou des calembours tellement hénaurmes (genre "Raklès est si germanique qu'on le surnomme Herr Raklès"). L'auteur fonce, se moque du tiers comme du car (et de l'autobus) de l'intrigue échevelée qu'il déroule imperturbable, cabosse ses personnages comme des pantins de dessins animés, dérape et repart sur les chapeaux de roue, laissant le lecteur épuisé, heureux et épuisé.
Citation
Le samedi matin, dans les rues désertées de la capitale, la bagnole était un petit confetti de paradis glissant tel un hovercraft de feux rouges en longs boulevards grisâtres.