Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
506 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-35887-696-4
Lyon confidential
Le nouveau roman de François Médéline nous emmène à Lyon il y a une vingtaine d'années. Une brigade policière est dirigée par Alain Dubak. Sa compagne l'a quitté et il n'a pas fait son deuil de cette histoire qui le hante, comme le hante aussi son passé. Il est devenu un bon flic, sans doute, mais un flic têtu, qui fonce, obsédé par ses enquêtes et prenant parfois ses aises avec la procédure. Autour de lui, son équipe travaille avec soin et l'aide autant que faire se peut. Il y a principalement Mamy, un peu alcoolique, un peu à grignoter des bonbons chimiques toute la journée, Et Véronique qui est mariée, mais a un tendre penchant pour son chef. Une affaire particulièrement atroce va bousculer le groupe et réveiller des pulsions. Le corps d'un homme a été retrouvé dérivant sur le Rhône. Surtout, il était attaché dans une position christique et avait été torturé et émasculé, son corps peint d'une gigantesque orchidée. Les soupçons se portent vers deux axes : un professeur de dessin d'art, homosexuel et vivant avec un Américain (recherché d'ailleurs aux États-Unis) et un groupe d'ultragauche vivant dans les catacombes et s'organisant en cellule pour préparer des attentats, survivre et se battre contre l'extrême-droite, très présente à Lyon. Giroux, un autre policier, s'oppose à Dubak, car il aimerait relier le crime à un homme qu'il a déjà arrêté il y a quelques années et qui n'a pas eu la peine que, selon lui, il méritait. D'autres cadavres commencent alors à être découverts, avec les mêmes signes de mode opératoire. Tandis que le groupe cherche, multiplie les pistes, supprime des impasses, Giroux détourne des pièces à conviction pour fabriquer la culpabilité de son suspect. Quant au cours de l'enquête, Dubak commence à péter les plombs, à voir des scènes de crime, que Mamy annonce la mort d'un membre du groupe avant de disparaitre, que la pression publique et administrative augmente, Dubak sillonne à fond la caisse la ville au volant de sa Xsara, prompt à sortir son arme.
Le roman de François Médéline mélange avec force des scènes procédurières classiques avec des scènes plus violentes, portées par les voix intérieures du personnage central qui ressasse la mort (ancienne) d'un frère, confond son ex avec une témoin-suspecte de l'affaire. Tout en se gardant des magouilles de Giroux, parfois attaqué par des gens sans que l'on sache bien s'il s'agit d'émissaire des groupes d'extrême-gauche, d'extrême-droite ou des hommes de main d'une riche famille dont le rejeton est l'éminence grise secrète de l'ultra-gauche. On sent l'influence d'un James Ellroy (cité dans l'exergue), dans les dérives du personnage central, dans ses monologues intérieurs sous drogue, ou hallucination ou fantasmes, mais ce ne sont que des passages bien construits, logiques dans l'intrigue, une intrigue menée avec vigueur, restituant en quelques lignes la fièvre d'un groupe chargé d'une enquête difficile, avec des personnalités fortes et attachantes. Les dérives de la nuit (des promenades nocturnes dans les quartiers chauds), de la police (entre les activités de Giroux ou des interrogatoires plus que musclés), d'une équipe, des personnages, constituent la force volcanique qui s'inscrit dans le cadre d'un Grand Lyon que François Médéline connait bien et qu'il reconstitue avec brio. Le réalisme de l'histoire, les envolées fantasmatiques, l'ambiance fantastique et déformée du monde nocturne et des pulsions violentes se répondent avec équilibre et justesse pour proposer un grand moment du roman noir français.
Nominations :
Prix du Polar Sud-Ouest/Lire en Poche 2022
Citation
Moi, je vois qu'elle cuisine mieux que personne, qu'elle ne me drague pas, qu'elle est veuve, sans enfants et prétendument médium, ce qui est un package très utile quand on bosse à la Police judiciaire. Elle doit prendre sa retraite depuis longtemps, prédestinée qu'elle est à se finir à la bière éventée et au whisky bas de gamme, ce qui assurera une continuité avec son boulot de flic : les crimes ont besoin de boites de strip-tease et d'alcool.