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Carnets d'enquête d'un beau gosse nécromant
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du coréen par Han Yumi, Hervé Péjaudier
Paris : Matin calme, septembre 2020
326 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-491290-21-4
Austin Powers à la sauce coréenne
Chaque pays a ses propres coutumes et ses propres règles. Par exemple, en Corée, il est normal de demander conseil à un ou une chaman qui vous proposera des solutions pour mener votre vie. C'est un métier potentiellement rentable, et Nam Han-Jun, alias Beau Gosse, a décidé d'en vivre. Comme il est toujours préférable de donner un coup de pouce au destin, il met toutes les chances de son côté en utilisant en parallèle les services de Hyejun, sa petite sœur, une pirate informatique de première force. Elle fouille les journaux intimes et les messages de portable (entre autres) des futurs clients, ce qui lui permet d'avoir des conseils beaucoup plus personnalisés et de jouer à celui qui découvre beaucoup d'éléments tangibles en parlant avec les esprits. Cela lui vaut des clients fidèles dont une dame qui l'appelle régulièrement à la rescousse. L'intrigue de ce roman débute au moment où elle vient de lui demander conseil car elle croit qu'un esprit s'amuse avec elle. En fouillant un peu, le chaman découvre dans les égouts qui passent sous la propriété un cadavre, celui d'une jeune femme qui espérait devenir une pop star ! Une policière enquête sur cette mort en même temps que le chaman, épaulé par le détective privé Sucheol dit Mammouth, car il vient d'avoir un nouveau client, fils indigne d'un riche industriel, responsable d'une société où travaillait justement la pop star. En fouillant dans les archives, la petite sœur découvre qu'il y a peut-être d'autres magouilles auxquelles serait liée une mystérieuse, mais très réputée, chaman...
Dans les années 1980, nous avons eu quelques romans policiers qui regardaient du côté de la pop culture, qui essayaient de mélanger sérieux de l'intrigue avec des personnages hauts en couleur, extravagants et des aventures parfois un peu décalées. C'est visiblement aussi l'état d'esprit en Corée, dans une ambiance bon enfant où les choses virevoltent, partent un peu dans tous les sens et où parfois le récit se permet des incartades du côté de Quentin Tarantino, du kung-fu sautillant ou des esprits frappeurs. L'intrigue de Jae-Han Jung en elle-même est de facture assez classique, avec un escroc qui a décidé de faire un ultime coup qui lui permettra de disparaitre riche, mais qui voit ses plans contrariés. De l'autre un chaman semi-escroc semi-sérieux, dandy qui compte ses sous pour se commander des cravates en Italie et être le roi de la sape, une sorte de Jean-Paul Belmondo auteur-agent secret du Magnifique en roue libre. En guest-star une policière qui intervient de temps à autre pour ajouter quelques scènes d'action et éclairer l'enquête sous une autre facette. Il faut apprécier ce côté scintillant, cette façon de ne pas se prendre au sérieux, de virevolter sans cesse au détriment sans doute de la profondeur des personnages pour lire une histoire ultra vitaminée, jolie comme une chanson pop que l'on savoure mais qu'il est difficile de réécouter.
Citation
Les deux inspecteurs contemplent la scène, dubitatifs. Trois malabars sonnés pour le compte, Jeon Gyeong-cheol accroupi aux pieds de Su-cheol, Ju Se-hi toute tremblante, Su-cheol qui braque des policiers et Han-jun, plus hautain que jamais, debout à côté du bureau. Pour n'importe qui, les deux coupables ne sont pas difficiles à désigner.