Contenu
Le Seigneur des mouches
Grand format
Réédition
Tout public
Pamiers : Rivière blanche, novembre 2020
240 p. ; 20 x 3 cm
ISBN 978-1-64932-012-4
Coll. "Noire", 139
Un recueil qui fait mouche
Les nouvelles de ce recueil de Patrick Eris sont entrecoupées par des "Chroniques de la zone interdite", courts textes de quelques lignes, qui développent une "histoire" à chute de tendance horrifique ou noire. Ces petites vignettes qui sont autant d'intercalaires sont fortes et prenantes. En ce qui concerne les nouvelles, chacune est précédée d'un chapeau les replaçant dans leur contexte d'écriture. Elles permettent aussi de voir les progrès d'écriture d'un texte chronologique à l'autre, même si le début de l'aventure est déjà plus que prometteur. Certaines jouent sur l'aspect noir de manière classique, d'autres sont rapidement liées au fantastique, voire pour la dernière à des aspects science-fictionnels, mais toujours sans rogner sur l'aspect noir, sur une description peu optimisme de l'âme humaine. On pourra selon ses propres goûts apprécier plus ou moins tel ou tel texte mais l'ensemble est plus que plaisant et même si l'on est réfractaire à un genre ou l'autre, l'ensemble tient la route grâce au sens de l'intrigue de l'auteur, et à un style nerveux qui sait rendre compte d'une action ou d'une description. La première nouvelle commence comme un roman noir avec une entreprise classique et un nouveau possible cadre dynamique, qui pense être invité à un bizutage mais qui va découvrir que la richesse de son groupe est liée à des éléments beaucoup plus ténébreux. Le mélange entre le noir et des aspects fantastiques se voit très bien. La deuxième, plus ancrée dans le réel, est le récit, cynique, de l'intérieur, par un impresario de la création de ces stars éphémères que nous voyons régulièrement sur nos antennes (mais bon, déjà chez les yéyés...). Pour les amateurs plus tentés par l'uchronie et le fantastique, je ne saurais que trop conseiller la dernière nouvelle qui mixe avec bonheur une version alternative de notre histoire, liée à des machines quasi-démoniaques. D'autres pourront préférer la version d'un Conte des mille et nuits (avec démons horrifiant) dans "Quelques grammes de chair". En tout cas, un recueil de qualité, à la jonction des mauvais genres qui montre bien comment se construit une écriture et un auteur à propos de sa "production" de nouvelles. Et ces nouvelles, publiées entre 1983 et 2015 originellement, méritaient largement cette édition, groupée comme une rafale qui atteint, en bloc, sa cible.
NdR - Le recueil comporte les nouvelles suivantes : "Le Seigneur des mouches", "Nouvelle star", "Vol plané", "Maggie et moi", "Quelque part, quelque chose", "Les Architectes de la peur", "Enfer au ralenti", À chacun sa nuit", "Effigie", "Quelques grammes de chair", "Yeux-de-fer et M. Colt" & "Les Annihilés".
Note Bene. Patrick Eris est le nom de plume de Thomas Bauduret, qui sévit en ces pages. Notre chronique ne saurait être objective.
Citation
Le simple fait de tendre la main vers le bouton de porte lui est douloureux. Sans doute à cause de la vilaine marbrure sur son avant-bras. Des doigts écorchés. Et du reste...