Contenu
Son espionne royale et les douze crimes de Noël
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Blandine Longre
Paris : Robert Laffont, novembre 2020
394 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-221-24264-3
Coll. "La Bête noire"
Noël rouge
Écosse, 1933. Toujours aussi désargentée, Georginia de Rannoch dite Georgie ferait tout pour échapper à la compagnie pesante de son frère Binky et de sa belle-sœur Fig, qui la déteste cordialement, dans le sinistre château familial au fin fond du Royaume. Et pourtant, il n'est pas question de rouvrir leur maison londonienne pour que Georgie puisse passer Noël dans la capitale. Le secours lui vient d'une petite annonce : Lady Camilla Hawse-Gorzley cherche une hôtesse pour s'occuper de ses invités le temps des fêtes, le tout dans sa demeure d'un village du Devon au nom improbable de Tiddleton-under-Lovey. Coïncidence, c'est là que s'est réfugiée la fantasque mère de Georgie pour co-écrire une pièce avec l'auteur Noel (!) Coward, pièce qui consacrera son retour sur les planches. Voilà Georgie et sa gaffeuse servante Queenie en route pour le Devon. Mais il apparaît vite que les invités de Lady Hawse-Gorzley sont en fait payants, la famille étant dans le besoin. Qu'à cela ne tienne, Georgie ne demande qu'à les aider à passer un vrai Noël anglais. Mais ce petit village assoupi connaît une série de drames : d'abord, trois détenus se sont échappés de la sinistre prison de Dartmoor pour disparaître sur la lande. Puis un chasseur fait une mauvaise chute et se rompt le cou. Le lendemain, au sortir du pub, un autre villageois fait une chute mortelle d'un petit pont de pierre – alors que de l'avis général, il était loin d'avoir trop bu. Enfin, c'est une réceptionniste qui succombe à un accident électrique. Georgina sait additionner deux et deux : une mort "accidentelle" par jour, cela commence à faire beaucoup. Il y a aussi cette fameuse malédiction lancée jadis par une prétendue sorcière brûlée dans le village même. Et, de nos jours, cette étrange marginale qu'on surnomme Sal la sauvage et qu'on dit sorcière. Alors que les morts continuent, la question se pose : qui entreprendrait d'assassiner ces gens qui n'ont strictement aucun rapport entre eux ? Georgie va recevoir une aide inattendue d'un invité de la dernière heure, un certain Darcy O'Hara...
Les éditions Robert Laffont vont bientôt regretter d'avoir pris comme sous-titre pour la série "Son espionne royale". Car loin de l'espionnage, même de papa, on est ici plus proche du bon vieux roman à énigme cher à Agatha Christie ou sir Arthur Conan Doyle, l'action se déroulant même non loin des lieux que hantait un certain chien des Baskerville... On emploie en plus un des éléments chers aux anciens romans gothiques que sont les sables mouvants ! Enfin, bien qu'on doute fort qu'une héroïne de ces chers auteurs d'un autre siècle userait d'un gag récurrent : le fait qu'il y ait toujours quelque chose pour l'empêcher de mettre le beau Darcy dans son lit comme elle en rêve ! On le sait, la série tient surtout par son héroïne pleine de vie et d'intelligence, le genre de personne qu'on rêve d'avoir pour amie, et il n'en est pas autrement ici. Il arrive à Rhys Bowen de commettre des erreurs ou des facilités de scénario, ce n'est pas le cas ici, enfin, à part le coup de théâtre que Pierre Alexis Ponson du Terrail n'eut point renié qui voit apparaître Darcy juste au bon endroit (et d'ailleurs, sans déflorer, lorsque le mobile du meurtrier est énoncé, on ne voit pas pourquoi il concocta une machination si complexe), mais on dira que cela fait partie du charme. La langue tout aussi vivante de l'auteure, servie par une traduction inspirée, donne une certaine vitalité à l'ensemble même dans les événements du quotidien comme le détail des nombreux repas. Les amateurs de goût british se régaleront, les autres y trouveront une échappatoire au déluge de saccharose des fêtes... Et toujours sans déflorer, la conclusion propose un rebondissement qui pourrait faire partir la série dans une autre direction. À suivre, puisqu'il y a encore sept romans à traduire...
Citation
Nous avions su que M. Barclay courait un danger. Nous avions essayé de le faire protéger, mais le meurtrier avait de nouveau frappé. C'était comme si un être surnaturel et invisible évoluait parmi nous.