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Roman - Policier

Le Réveil de la bête

Terrorisme - Infiltration - Procédure MAJ lundi 21 décembre 2020

Note accordée au livre: 2 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Jacques Moulins
Paris : Gallimard, septembre 2020
384 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-07-290063-1
Coll. "Série noire"

Réveil laborieux

Après une soirée bien arrosée dans la fameuse "rue de la soif" de Belleville, Maryam Binebine ramène chez elle un amant d'une nuit. Rien d'exceptionnel à ça, sauf que le lendemain, elle est découverte assassinée, ou plutôt exécutée - tant le meurtre est propre, professionnel même. L'enquête plonge dans le passé de la jeune femme, informaticienne très appréciée qui a rejeté sa famille marocaine et une éducation musulmane rigoriste, adhérant même à une association opposée aux mariages forcés. Mais pour le commandant Denis Salvère l'affaire est bien différente. Maryam était une de ses agentes chargée d'infiltrer un réseau terroriste d'extrême-droite originaire d'Europe de l'Est. Salvère est formel : un de ces réseaux qu'on laisse prospérer dans l'indifférence générale prépare des attentats... Maryam s'est-elle approchée trop près de la vérité ? Quel rapport avec les affaires douteuses d'un club de foot ? Et si tout avait commencé deux ans plus tôt à Bratislava où une meneuse nationaliste mènait son parti d'une main de fer...
Voici donc un titre au style factuel très journalistique qui rappelle les romans sympathiques que pondait Gérard Delteil pour la collection "Spécial-police" au siècle dernier. Sauf que ces romans faisaient en général deux cents pages grand maximum, pas trois cent soixante-cinq... Ici, on a moins affaire au syndrome du Livre ventripotent™ qu'à l'éternelle influence des séries télévisées habituant le spectateur à mouliner du métrage et à multiplier les personnages pour cacher le fait qu'il ne se passe pas grand-chose... En revanche, les procédures et les arcanes d'Europol sont disséquées avec une minutie maniaque et, on l'imagine, une solide documentation, ce qui rapproche le tout du genre procedural. Mais le lecteur qui s'attend à un émule de D.O.A. ou de Catherine Fradier (sa trilogie "Cristal Défense") risque d'être déçu : le terrorisme censé l'appâter n'est qu'un prétexte, et la résolution est relativement banale — et on aurait pardonné bien des choses si le final était à la hauteur mais, toujours selon ce principe de réalisme confinant à l'austérité, l'arrestation du coupable se fait hors champ. Pire, la fin reste ouverte sur une suite, puisque les principaux intervenants n'ont pas tous été mis hors d'état de nuire et l'intrigue secondaire nullement résolue, ce qui est tout de même un brin malhonnête car rien n'avertit le lecteur qu'il a affaire au début d'une série. Rien de déshonorant (surtout pour un premier roman), mais la vénérable "Série Noire" nous a habitué à mieux...

Citation

Elsa retrouva là le Denis bien connu, avec son mépris de caste affligeant. Toujours ce modèle français, bien académique, où la "culture générale" sert de sésame. Quelle culture ? La leur, bien sûr, sagement transmise de génération en génération dans les lycées huppés de la République égalitaire. En fait, ils ne diffèrent guère dans leur rigidité des écoles coraniques, talmudiques et autres catéchismes. Juste un truc pour conserver l'élite. Des héritiers.

Rédacteur: Thomas Bauduret lundi 21 décembre 2020
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