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Grand format
Inédit
Tout public
372 p. ; 21 x 13 cm
Coll. "Noir Pacifique"
Actualités
Un polar pas si pacifique
Édouard Tudieu de la Valière doit connaître son James Hadley Chase sur le bout des doigts. D'ailleurs, ce détective privé tahitien a préféré changer de nom, pour faire plus crédible. Il se fait appeler Dorsey. Al Dorsey. Ça vous a un petit côté Dave Finner censé appâter la clientèle. Ce n'est d'ailleurs pas le seul point commun entre les deux privés. Comme dans certains livres d'Hadley Chase, Édouard n'a pas de clients, peu d'aptitudes professionnelles, subit les événements plus qu'il ne les maîtrise, bref, c'est l'antihéros par excellence.
Enfin un client arrive : un curé qui affirme avoir pêché, dans un lagon, une curieuse mallette. À l'intérieur de celle-ci, un cahier d'écolier, des photos de jumelles, un foulard, un opinel, un louis d'or, une gourmette et… cinq millions de dollars cachés dans un double-fond. Et le curé de demander à Al de retrouver le propriétaire de la valise.
Sauf que les cinq millions sont volés dans le bureau d'Al pendant qu'il est parti déjeuner (quand on vous disait que c'était un privé à la gomme) et que le curé se fait plomber une heure plus tard. Et que finalement, c'est pas un curé…
Il s'agit donc d'un polar tahitien. Sans tomber dans le défaut de la carte postale, l'île, ses habitants et leurs coutumes sont judicieusement décrits. Et c'est sans doute le charme principal du roman : ça sent le monoï, la citronnade et les orages tropicaux. Sous un tel climat, forcément, la vie est dolente, paresseuse. D'où cette enquête menée sur un faux rythme, au gré des pérégrinations hasardeuses d'Al-le-privé, qui ne comprend toujours pas ce qui lui arrive. Mention spéciale à la galerie de personnages dressés par l'auteur qui nous croque des tronches et des locaux pittoresques à souhait. Les portraits et les caractères sont très réussis.
Cela dit, une enquête menée sous un faux rythme risque de déstabiliser le lecteur. Certains passages pseudo-philosophiques viennent plomber la narration, et l'on se demande parfois si c'est bien au personnage que les événements échappent, ou bien à l'auteur. L'épilogue symbolise bien ce défaut : inattendu, improbable et en rupture totale de ton avec tout ce qui a précédé.
Mais comme il s'agit d'une fin ouverte (un cliffhanger en bon français) destinée à amorcer le deuxième tome d'une trilogie, on pardonnera à l'auteur sa précipitation et on lira avec intérêt la suite des aventures d'Al "Doudou" Dorsey.
Citation
Sur la droite, la mer semble pousser la ligne d'horizon. Elle court porter sur la côte ouest des États-Unis ce cri d'amour qui m'étrangle.