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Prendre un enfant par la main
Grand format
Inédit
Tout public
Enfantasmes
Pourquoi Marc a-t-il voulu prendre son bateau en dépit d'un avis de tempête ? Le voilier était certes censé être insubmersible, mais une lame terrible a emporté sa fille Clémentine. Quatre ans plus tard, Sarah et Marc sont toujours marqués par le drame au point de négliger leurs autres enfants, Gaspard et Louise. C'est alors qu'emménagent dans leur immeuble un couple d'architectes, Leila et Hélène (ainsi que leur fille Gabrielle, quinze ans). Gabrielle qui est le portrait craché de Clémentine... Sarah se prend de passion pour cette adolescente qui lui rappelle tant sa fille perdue. Marc, lui, oublie sa terrible culpabilité dans un club très sélect où des gens riches s'offrent le dernier frisson dans des parties de roulette russe. Un club qui va vite être dans le collimateur de Jeanne Muller, la flique mal embouchée, lorsque le corps d'une jeune femme révolvérisée est retrouvé dans la Seine. Quant à Gabrielle, marquée par un viol, elle se retrouve en mauvaise compagnie, et entame une véritable descente aux enfers. Jusqu'au jour où elle est enlevée, et que Jeanne Muller est chargée de l'enquête...
François-Xavier Dillard nous propose ici un roman qui cède à la mode du titre de chanson (risqué pour celle-ci en particulier dont on se demande comment elle serait reçue aujourd'hui où, notamment grâce au polar, il y a un pédophile à chaque coin de rue). L'auteur témoigne d'un don certain pour le roman choral en brassant beaucoup de personnages... presque trop s'il n'y avait ce style d'une limpidité impressionnante. Pour une fois, on sent qu'il ne s'agit pas d'une de ces séries télévisées prémâchées qui encombrent les étals, mais d'une volonté de leur donner corps — et quelque chose d'aussi difficile que le deuil d'un enfant est évoqué sans gros effets mélodramatiques. Le personnage le plus fort est encore cette flique pas forcément sympathique, mais arrogante et dure à cuire, mais aussi non sans fêlures qu'on verrait bien revenir dans un autre roman, même si la fin laisse peu d'espoirs. De plus, en ces temps de Livres Ventripotents™, il se passe énormément de choses dans ces trois cents trente pages. On regrettera juste que la résolution, quoique logique, soit très prévisible jusqu'à un coda qui remet en question tout ce qu'on a lu précédemment. Pas le livre du siècle (en a-t'il l'intention ?), mais une lecture très agréable d'un auteur en pleine possession de ses moyens qui sait ficeler une intrigue et nous y convier.
Citation
Cette fille n'a que seize ans et on a l'impression qu'elle a déjà vécu plusieurs vies. Elle possède le cynisme d'un vieillard, la lucidité d'un banquier, la perversité d'une sorcière et le visage d'un ange. Ajoutez à ça des finances sans limites ou presque et vous obtenez une véritable machine à détruire l'adolescence.