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Grand format
Inédit
Tout public
256 p. ; 25 x 14 cm
ISBN 978-2-213-70511-8
Coll. "Document"
Vous avez demandé la police ? Ne quittez pas...
Ils ou elles sont flics à la BAC de Marseille, agents de police secours dans des quartiers difficiles, enquêteurs à la brigade des stupéfiants, chargés de recueillir les témoignages des victimes à la brigade des mineurs, CRS dans les manifestations. Ce sont quelques-uns des cent quarante neuf mille policiers du pays qui se débattent au quotidien avec une profession difficile et dangereuse, des conditions de travail souvent indignes, une population qui les prend pour des machines à cogner ou des corrompus, et une hiérarchie qui les contraint à des politiques absurdes. Malgré les risques pour leur carrière, ils ont osé braver l'omerta policière et raconter à Jean-Marie Godard leur quotidien de flics des rues, exténués, effrayés face à de nouvelles menaces auxquelles ils ne sont pas formés et démunis face à la pénurie des moyens qui leur seraient nécessaires pour remplir leurs missions.
Depuis L.627, film édifiant sur les conditions de travail de la police dans la France d'aujourd'hui, réalisé par Bertrand Tavernier en 1992, l'imagerie d'Épinal liée à la police s'est effritée. Loin de la communication proprette du ministère de l'Intérieur et d'opérations publicitaires, les reportages et documents se sont multipliés pour témoigner d'une réalité bien plus complexe, et Paroles de flics, l'enquête au long-cours de Jean-Marie Godard, s'inscrit directement dans cette lignée. Sans l'aval d'une hiérarchie cherchant à verrouiller son image, le grand reporter, spécialiste des mouvements sociaux, s'est immergé dans le quotidien des flics de terrain, les a écouté parler, exprimer leurs motivations, leur fierté, leur désarroi, leurs peurs face à un métier qu'ils ne comprennent plus toujours. Face au manque de moyens qui les force à acheter eux-mêmes une partie de leur équipement, au manque de reconnaissance de l'institution, à des objectifs (la politique du chiffre, lancée par Sarkozy) qui vont à l'encontre de rapports apaisés avec la population, aux sous-effectifs et au déficit de formation qui poussent certains d'entre eux à la faute (par peur, par méconnaissance), face aux dérives aussi, qui ne sont nullement niées. Pour mieux les laisser s'exprimer, Jean-Marie Godard se fait discret, les rencontre chez eux, dans leur voiture de service, dans leur quotidien, et se contente de préciser quelques points, historiques et législatifs qui encadrent l'activité des policiers. Refusant aussi bien l'aspect brochure de propagande que celui du tract dénonciateur, Paroles de flics ose aborder tous les sujets, des premiers contacts avec la mort à la hantise de mal faire, du suicide à la spirale de l'alcoolisme et de l'addiction qui pousse certains d'entre eux à devoir se reconstruire dans un centre spécialisé, et nous offre ici une série de beaux portraits tout en nuances pour une réalité bien plus prenante que beaucoup de fictions.
Citation
On manque tellement de 'petit matériel' qu'il vaut mieux ne rien laisser traîner sur un bureau, sinon ça disparait. Y'a pas de voleurs dans la police, y'a que des volés'.