Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
246 p. ; 20 x 12 cm
ISBN 978-2-490579-76-1
Coll. "Littérature"
Recherche infernale du paradis
Qu'est-ce qu'un homme ? Qu'est-ce qu'une vie ? Amples questions dont il serait souvent bien vain de chercher une réponse, surtout que de nombreux philosophes s'y sont cassés les dents. Toujours est-il qu'être un homme c'est à la fois son passé et ce qu'on fait de sa vie. C'est un peu la trajectoire que nous propose ici Thierry Brun. Thomas, le narrateur, va nous raconter deux éléments à la fois. D'une part, une enfance difficile, entre des parents un peu étranges et un passage par l'orphelinat. Une vie avec une tante peu causante. Des éléments, des brides d'enfance qui reviennent ainsi par tranches, par italiques, et où chacun mettra le sens qu'il veut (ou qu'il peut), car même le narrateur a du mal à relier les fils. Mais Thomas est aussi un jeune adulte qui s'insère dans le monde du travail. Il vient d'entrer dans une entreprise qui est en fait une sorte de société vitrine pour créer des micro-partis politiques et obtenir des subventions et autres rentrées financières. Derrière l'affaire se cachent sans doute des personnes d'extrême-droite, mais pour Thomas il faut bien aussi travailler. Mais Thomas se pose des questions car par des détails qu'il observe il lui semble qu'il y a un lien entre cette officine et ses parents.
Le roman ouvre et ferme des pistes, les esquisse et les cache. Au final, le lecteur se fera une idée de ce qui s'est tramé, mais n'en aura pas forcément toutes les certitudes. Normal car nous sommes dans la vie réelle, dans la recherche d'un homme qui se souvient de son enfance en même temps qu'il essaie de se construire. Comme tout construction, Thomas (et à travers lui Thierry Brun) utilise les matériaux dont il dispose. Il agence les éléments comme il peut. Il dépose du béton un peu laid dans un coin, mais au moins il sait que ça tiendra. Thomas agit ainsi, car c'est un homme normal, qui ne possède pas forcément toutes les clés de sa vie. On croit saisir la femme de sa vie et l'on ne touche que l'ombre d'un amour. Comme l'indique le titre, le paradis est derrière nous. Nous en avons été chassé, sans même trop comprendre pourquoi. Et nous l'appelons paradis sans même savoir s'il était aussi agréable que ça, si le serpent et la pomme ne cachaient pas de nombreux autres reptiles rampants dans tous les coins, de beaux managers qui sont de vils tentateurs. Thierry Brun a écrit des polars sombres, celui-ci est plus un roman noir, un texte de littérature générale, très bien écrit, qui jongle avec les thèmes du noir (l'enfance détruite, les morts suspectes, les chefs corrupteurs) pour décrire un homme qui cherche à trouver sa place dans un monde qui ne l'attend pas, un monde qui s'est ouvert par une déchirure effroyable, décrite au début du livre, sans pathos, comme une évidence, comme un roman maitrisé de bout en bout.
Citation
Sa voix est à elle seule un mécanisme de domination, de la première à la dernière syllabe. Je marche vers lui et je m'arrête à une distance raisonnable.