Contenu
Le Magot
Poche
Réédition
Tout public
234 p. ; illustrations en noir & blanc ; 18 x 11 cm
Coll. "Document", 5160
Le tueur en série et les bandits
On ne présente plus Patricia Tourancheau, trente ans à Libération, spécialiste des affaires criminelles complexes dont elle tire désormais des enquêtes diffusées en épisodes sur le site d'information Les Jours. Elle a notamment écrit un très bon ouvrage de fond, Grégory, la machination familiale (Le Seuil/Les Jours, 2018) dont les grandes hypothèses seront sans doute confirmées à l'avenir par les expertises génétiques "élargies" qui viennent d'être décidées par la justice. Ici, elle frappe à nouveau un grand coup en s'intéressant à deux trajectoires criminelles a priori très éloignées (un criminel sexuel en série, et un gang de briseurs de coffres bancaires). Elle a travaillé longtemps sur les malfrats du Gang des Postiches, et a assisté aussi au procès de Michel Fourniret et de son épouse. Une des questions qui revenait souvent était de savoir comment le terrible tueur de jeunes filles avait pu acheter, en janvier 1989, un château dans un coin perdu près de la frontière belge alors que, visiblement, il n'avait pas un sou. Et c'est Patricia Tourancheau qui a eu l'intuition que pouvait exister un lien entre Michel Fourniret, détenu de Fleury-Mérogis où il a été incarcéré une première fois de 1984 à juin 1987 après avoir avoué quinze agressions sexuelles, et un possible contact de cellule ou de promenade. Et si, à cette occasion, le supposé contact connaissait l'une des planques du trésor du gang et l'avait transmise à Fourniret ? La journaliste veut se procurer les listes des détenus, mais la justice est frileuse. Rien n'était informatisé et il y a de nombreuses erreurs... Mais elle va trouver un contact par rebond ! C'est un Italien terroriste évadé d'une prison romaine en hélicoptère avec un membre du Gang des Postiches, et emprisonné ensuite à Fleury-Mérogis où il connaissait le compagnon de cellule de Michel Fourniret, un Breton ayant des liens financiers avec le groupe Action Directe. Patricia Tourancheau suit donc dans Le Magot trois parcours, ce qui est très ambitieux car les périodes se chevauchent (mais, heureusement, il y a une bonne chronologie à la fin).
1. Le parcours de Michel Fourniret, marié trois fois, quatre enfants, incarcéré la première fois pour une multitude d'agressions sexuelles avant de passer aux meurtres.
2. Le parcours (flamboyant ?) des membres du Gang des Postiches, se déguisant pour braquer jusqu'à six banques à la suite et fracturer les petits coffres personnels des clients, d'où moisson de lingots d'or et de Napoléons.
3. Le parcours difficile de Jean-Pierre Hellegouarch, compagnon de cellule de Michel Fourniret.
Michel Fourniret sortant de prison fin 1987, Jean-Pierre Hellegouarch lui demande d'aider sa maîtresse Farida Hammiche à déterrer et planquer chez elle le trésor du gang enterré dans un cimetière de Fontenay-en-Parisis (il a eu le tuyau par l'Italien désormais extradé et reparti en prison en Italie). Michel Fourniret, après une annonce dans Le Pèlerin a lié connaissance avec Monique Olivier qui a accepté son contrat de pervers. Tous les deux vont donc commencer leur sinistre périple, et c'est Farida qui va ouvrir le bal...
On croyait tout savoir sur Michel Fourniret. Mais non, c'est pire. Ici, mêlé aux autres parcours criminels, le sien apparaît comme une monstruosité à peine croyable. Patricia Tourancheau s'avère une redoutable conteuse d'horreur en s'attachant aux manœuvres et à la psychologie de cet homme obsédé par la virginité et auquel sa femme va prêter toujours son concours... Un document stupéfiant à bien des égards.
Citation
Pour mener la mission avec Farida, Jean-Pierre, qui se méfie de ses amis du milieu, pense alors à Michel Fourniret, qu'il juge 'inoffensif'. On connaît la suite.