Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Paul Durant
Paris : Gallimard, septembre 2020
314 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-07-285790-4
Coll. "La Noire"
Les chimères de la frontière
Le Mexique, dans un futur proche où les choses ne se sont guère améliorées. Si deux murs séparent maintenant le pays de son voisin du nord, cela n'empêche pas les trafics de prospérer. À la drogue, de moins en moins rentables, les cartels préfèrent maintenant la vente d'animaux disparus clonés dans des laboratoires clandestins, quand il ne s'agit pas de chimères inventées pour satisfaire les riches "collectionneurs" occidentaux, les mêmes qui paient des sommes colossales pour des têtes réduites à la provenance douteuse ou des repas clandestins d'animaux impossibles. Dans ce monde sans grand espoir, Bellacosa, truand repenti et veuf inconsolable, vivote de diverses combines tout en cherchant à retrouver son frère, probablement enlevé par un cartel. Des deux côtés de la frontière, il se trouvera confronté aux énigmes de ce futur en roue libre.
Pour son premier roman, Fernando A. Florès, né au Mexique mais vivant au Texas et écrivant en anglais, fait feu de tout bois pour nous dépeindre le quotidien brutal, corrompu, violent mais paradoxalement poétique et parfois lumineux de cette zone frontière entre deux États et deux mondes, séparés par deux murs (parce qu'un seul ne devait pas suffire) gardés par de colossales statues olmèques, mais unis par de multiples trafics. Ne relevant à proprement parler d'aucun genre mais les abordant tous, Les Larmes du cochontruffe nous promène entre roman noir social marqué d'un regard des plus critiques sur nos sociétés, anticipation désabusée, thriller avec ses trafiquants d'animaux qui n'ont rien à céder aux cartels de la drogue, réalisme magique où des presque morts reviennent en toute logique saluer les vivants, et même tendresse pour ce fameux cochontruffe, créature improbable, fragile et attachante. Dans un style riche osant les dérives et les rêveries, Fernando A. Florès nous emporte dans un flot aussi tumultueux que le Rio Bravo séparant Mexique et États-Unis, et il n'est pas nécessaire de suivre toutes les pistes, parfois laissées en friche, pour apprécier cette belle réflexion sur la vie et sa valeur face à des marchés aveugles et inhumains.
Citation
Les premiers animaux dénaturés que les experts du flicage produisent - utilisant pour cela un procédé appelé la Méthode - sont des perruches à bec d'ivoire, ce qui permet de compenser le déclin du braconnage d'éléphants.