Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Séverine Quelet
Paris : Fleuve, août 2020
396 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-265-09905-0
Coll. "Fleuve noir. Thriller"
Le diable s'habille en parka
Quinze ans que Christine Butcher est la secrétaire — enfin, "l'assistante personnelle" — de Mina Appleton. Elle lui est dévouée corps et âme, lui a sacrifié d'abord son mariage, puis sa fille, partie rejoindre son père suite à une autre de ses absences "pour le travail". Depuis quinze longues années elle est donc totalement soumise à cette personne charismatique et en même temps tyrannique, et elle s'accroche à cet emploi. Elle a vu Mina évincer son père trop âgé pour gérer les affaires des industries Appleton, une grande chaîne de supermarchés, puis la mort de ce père, puis la consécration de Mina, devenue une vedette des émissions culinaires du petit écran. Lorsque les magouilles immobilières de Mina, qui a escroqué au passage des paysans locaux pour leur prendre leurs terres, provoquant même le suicide de l'un d'entre eux, font surface, Christine est accusée d'avoir détruit des archives compromettantes pour sa seigneure et maître. Mais quand Mina l'humilie au tribunal pour se sauver, la secrétaire dévouée va-t-elle finir se révolter ? Après tout, elle sait tout de sa patronne...
Le suspense psychologique de Renee Knight s'avère plutôt être une version du Diable en Prada, roman de Lauren Weisberger qui détaillait lui aussi les relations entre une patronne tyrannique et son employée dans un milieu huppé. Version polar ? L'élément policier est pourtant très limité, même si une partie de l'intrigue est consacrée au procès. En fait, on est tout le temps dans la tête de la narratrice, ce qui n'est pas l'endroit le plus sain... Le début multiplie les détails les plus infimes du quotidien de cette secrétaire, et il faut bien de temps en temps rappeler au lecteur qu'il va se passer quelque chose d'horrible pour qu'il ne décroche pas. Pire encore, malgré ces détails, on fait l'impasse sur la nature profonde de ces deux femmes. On ignore pourquoi Mina est un tel monstre froid pour qui tout n'est que calcul, et aussi pourquoi cette soumission aveugle et consentie d'une femme décrite au début comme "normale" et heureuse en mariage, et qui ensuite ne vit que pour sa patronne en une relation pour le moins malsaine, voire une volonté constante de se rabaisser comme dans un Stupeur et tremblements à la sauce british. Le personnage semble parfaitement assumer la désagrégation de sa cellule familiale, et un processus également auto-destructeur qui touche son apogée lors d'un finale surprenant, mais qui repose sur une certaine rétention d'informations. Du coup, en dépit d'une écriture autrement plus travaillée que dans ce qu'on trouve dans le thriller industriel de base (et une traduction irréprochable), La Confidente apparait aussi superficiel que ses personnages, restant constamment à la surface des choses. Dommage...
Citation
Elle m'a dévisagée et m'a souri, et l'effet a été extraordinaire. Rares sont les personnes qui possèdent une telle aura ; celle de Mina irradie. Si elle projette sur vous le faisceau de son entière attention, votre corps s'illumine de l'intérieur. Moi en tout cas je me suis sentie... Peut-être pas hors du commun, mais certainement importante. À cet instant, aux yeux de Mina, je valais quelque chose.