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Grand format
Inédit
Tout public
244 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-8246-1813-5
Coll. "Thriller"
S.O.S. médecin
Anne devrait nager dans le bonheur d'être grand-mère depuis quelques heures à peine. Seulement voilà, dans les couloirs de l'hôpital où vient d'accoucher sa belle-fille, elle croise une tête connue, celle du docteur Simon Bonnamy, toujours en activité. Bonnamy, le supérieur hiérarchique et l'ex de sa fille Manon, morte dix ans plus tôt de ce qui est passé pour un suicide. Cependant, Anne sait que Manon avait peur de quelque chose. Bonnamy l'a t'il poussée au suicide, ou l'a t'il tuée lui-même ? Depuis, cette mort a changé Anne, a brisé son mariage, l'a brisée elle. Mais sa rencontre avec Catherine, une ancienne infirmière au service de Bonnamy, change tout : cette dernière affirme que le respecté docteur a tué au moins par trois fois dans la clinique où il officiait. Trois personnes âgées dont personne ne s'est inquiété de la disparition. N'ayant plus rien à perdre, Anne va se lancer en quête de la vérité...
Encore un roman qui risque de nuire de sa présentation, qui donne à penser à un thriller industriel plein de bruit et de fureur alors que l'auteur, Jean-Christophe Portes, plus connu pour ses romans historiques, préfère la petite musique psychologique. Il y ajoute même un côté années 1970 pas déplaisant, l'ère des Brice Pelman ou des Georges-Jean Arnaud à travers ce qui pourrait être la dissection d'un fait divers comme il y en a tant. Pour ceux qui aiment puiser la substantifique moelle des romans, si l'auteur a l'intelligence de ne pas mâcher le travail au lecteur, on peut s'interroger sur l'ambiguïté de cette narratrice qui abandonne le peu de famille qui lui reste, à laquelle elle ne semble guère tenir, au profit d'une quête obsessionnelle et destructrice... Contrairement à ce qu'annonce la quatrième de couverture, il n'y a pas vraiment d'ambiguïté : le lecteur partage les pensées du docteur mégalomane et découvre peu à peu ses méfaits (encore une fois, si on prend au pied de la lettre ses délires rédigés à la première personne !), et ce qui l'a créé jusqu'à une conclusion glaçante et d'une logique implacable. Le tout servi par une langue sans gros effets, mais à la narration vivante, précise et limpide où passe la faconde du véritable auteur populaire (au sens noble du terme). Une réussite.
Citation
Au téléphone, une dame douce et polie refuse de me donner un nom. Elle me dit qu'elle note et qu'elle transmet. Et je comprends avec une atroce amertume qu'ils sont débordés d'appels, que tous les cinglés, tous les paranos, tous les complotistes de France et de Navarre appellent aussi, et que mon affaire, ma pauvre Manon, est noyée dans ce fatras d'homicides non résolus, de rancœur, de sottise et de terreur ancestrale de la mort.