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Des phalènes pour le commissaire Ricciardi
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'italien par Odile Rousseau
Paris : Rivages, octobre 2020
394 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-5131-2
Coll. "Noir"
Promenade d'automne
Peinant à se remettre de la mort de Rosa, la gouvernante qui l'a élevé bien mieux que sa mère et l'a accompagné toute sa vie, le commissaire Ricciardi traîne son spleen dans un été indien napolitain où les choses s'étiolent doucement tandis que les fascistes assoient leur pouvoir sur le pays. Dépourvu d'affaires en cours, Ricciardi accepte, un peu à contre cœur, de se repencher sur une affaire déjà classée lorsque la comtesse Bianca de Roccaspina lui demande d'innocenter son mari d'un crime pour lequel il croupit en prison depuis des mois. Un crime qu'il ne peut, selon elle, avoir commis, mais duquel il s'est néanmoins accusé, coupant court à toute enquête ultérieure. Grâce à ce cold case improbable, Ricciardi, pour l'occasion privé de son encombrant pouvoir de percevoir les dernières pensées des morts, va peu à peu réapprendre à vivre.
Dixième roman de la série consacrée à l'Italie des années 1930, Des Phalènes pour le commissaire Ricciardi s'enroule autour des paroles d'une chanson populaire de l'époque. Comme des phalènes, attirées par la lumière pâle de Ricciardi, on retrouve tous les personnages habituels de Maurizio De Giovanni, de ses soupirantes Livia et Enrica à son fidèle adjoint le brigadier Maione, dans une Naples qui s'assombrit chaque jour un peu plus. À travers le meurtre d'un riche usurier et la condamnation d'un noble de vieille famille ruiné par le jeu, il dessine à traits subtils une société où les rapports de classes se tendent, où une police aux ordres des nouveaux maîtres du pays ne se soucie plus guère de vérité, et où rouvrir une enquête peut provoquer un licenciement, voire pire. Roman en demi-teinte, tout en touches fines et impressionnistes, cet opus avance lentement, au rythme des états d'âmes de Ricciardi, à la fois libéré et démuni par la perte de son "pouvoir" qui est aussi sa malédiction. Mélancolique et sombre, cette lente balade heureusement rehaussée par la faconde de Maione nous plonge dans les derniers jours d'un monde qui se meurt, et à la triste ruine des palais anciens répond celle des sentiments qui se heurtent à la réalité.
À l'évidence, les amateurs de polars "carrés" ne se retrouveront pas dans cette nouvelle non-enquête de Ricciardi. Mais pour tous ceux qui ont appris à aimer la Naples de Maurizio De Giovanni, ses quartiers populaires et ses ruelles pavées, cette promenade crépusculaire sera un nouvel enchantement.
Citation
Tu ne le sais pas, mais le bonheur est toujours une illusion. C'est un rêve qu'on poursuit, et la vie n'est rien d'autre que cette poursuite. Pour les autres, pas pour moi. Je n'ai rien à poursuivre