Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
428 p. ; 22 x 16 cm
ISBN 978-2-7112-0157-0
Coll. "Equinox"
La meute ne s’attaque qu'aux faibles
Avec La Meute, du romancier Thomas Bronnec, nous sommes dans un roman qui part d'une réalité alternative. C'est un président de gauche, François Gabory, qui a proposé au référendum le Frexit. Et les Français ont voté pour. Un gouvernement de droite a entamé les pourparlers et prépare donc la sortie de la France de l'Europe. Nous sommes maintenant en 2020. On prépare de nouvelles élections présidentielles. François Gabory veut à nouveau se présenter, et il commence une nouvelle campagne. Sa sœur, avec qui il est en froid (et le roman dévoilera peu à peu pour quelles raisons cette guerre fratricide ou sororicide dure depuis longtemps), a choisi de quitter le journalisme pour devenir la conseillère de Claire Bontemps, une candidate féministe qui représente l'aile gauche du parti Gabory et entend lui ravir la place de candidate alternative. À travers cette lutte, qui va se dérouler sur cette pré-campagne où les deux candidats essaient de se positionner pour savoir qui représentera la gauche, c'est aussi une suite de coups bas qui se joue. Pour se faire, on utilise les réseaux sociaux comme terrain. Alors qu'il se rend à son premier meeting, en province profonde, Gabory apprend que des informations circulent sur Internet le décrivant comme un vieux pervers, visionnant des films pornographiques. Pendant ce temps, lors d'une interview télévisée, Bontemps déclare qu'elle veut représenter toutes les femmes, y compris celles qui, comme elles, ont été violées et n'ont rien dit, par honte. Ses adversaires tentent alors de prouver qu'elle n'a jamais été violée et qu'il s'agit d'une manœuvre. Mais la réalité est plus compliquée que cela et, en parallèle, la mère de Gabory se meurt dans sa maison de retraite, entendant les informations qui salissent son fils préféré.
Le roman est un récit de politique fiction qui joue sur une réalité que nous avons vu gagner en force ces dernières années : les vérités, fausses vérités, demi-vérités et autres rumeurs qui courent sur Internet. Ici, vu par le prisme de Metoo et par une féministe qui veut transformer la société française pour la rendre plus égalitaire, c'est un roman noir, où les cadavres (métaphoriques) sortent des placards. Il n'y a pas de tueurs assassinant pour cacher la vérité ou de sombres complots baignant dans le sang, mais une analyse noire et glaçante du monde actuel où l'on peut tuer plus sûrement en avilissant, en disant n'importe quoi, en laissant trainer le doute. Cette autopsie sans concessions du milieu politique, des hauts personnages, des journalistes dont le métier semble être de vivre comme des vautours de ces rumeurs et des rancunes personnelles qui se transforment en vindictes politiques créent une atmosphère délétère qui ne laisse pas indifférent le lecteur, car le tout est raconté au sein d'une intrigue qui sait créer des rebondissements, sans aligner des corps démembrés, en faisant que l'on a continuellement de savoir la suite comme lorsque l'on découvre un titre aguicheur...
Citation
Elle a toujours eu l'impression d'être tenue à distance, comme si sa présence gâchait chaque fois la fête. Mais la fête est finie. Elle a passé l'âge de se faire écrabouiller.