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Grand format
Inédit
Tout public
372 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-221-18873-6
Coll. "La Bête noire"
Salade niçoise
Le gang niçois des K11.43 est sur les dents car il y a un traître à éliminer, un homme qui prend beaucoup trop de risques jusqu'à mettre en danger l'organisation. Deux petites frappes en mal de notoriété s'en chargent, finissant la tâche par un "barbecue", ce qui revient bien entendu à faire brûler le cadavre. Mais celui-ci attire de Metz le commissaire Samuel Steiner, de la police judiciaire. Le défunt pourrait être le propre père de John Steiner, photographe disparu vingt ans plus tôt. Une affaire qui fait ressortir un autre cas, celui du berger Jean-Michel Auban, un des pires tueurs en série que le pays ait connu, soupçonné qui pis est de cannibalisme. Un certain Samuel Steiner fut de ceux qui ont arrêté le monstre... Un examen rapide démontre que le cadavre n'est pas celui de John Steiner, qui avait un implant dentaire absent chez la victime. Mais cette histoire pourrait faire découvrir ce qui est arrivé à ce père disparu. L'épouse d'Auban détiendrait-elle la vérité cachée quelque part dans son inconscient ? Mais il y a aussi Rebecca, la fille de Steiner, en pleine révolte adolescente qui la pousse à fréquenter des gens peu recommandables. Et il y a aussi le maître secret du K11.43, grand ordonnateur de la pègre varoise, un génie du crime que personne n'a jamais vu...
On peut interroger cette sorte de caution de s'inspirer d'un fait divers jusqu'à le proclamer sur la couverture, comme ce "Tiré de faits réels" parfois discutable au cinéma, surtout lorsque l'auteur avoue que l'essentiel est purement romanesque. Alors pourquoi conclure par l'interview d'Alain Brumache, ex-commandant de la PJ de Nice ? Se rapproche-t-on de ces "docudramas" qui ont tendance à brouiller encore plus la frontière entre fiction et réalité ? Il ne nous appartient pas d'en juger, ni de faire un quelconque procès d'intention à Fabio Mitchelli, mais pourtant, son traitement, quoique écrit avec un style journalistique efficace qui dissémine quelques petits bonheurs d'écriture de-ça de-là, est on ne peut plus romanesque. Il y a même un certain parfum rétro pas déplaisant qui évoque les films de l'omniprésent Olivier Marchal qui semble avoir fait une OPA sur le polar cinématographique français (mais avec quel talent...), le découpage par scènes évoquant souvent un scénario. L'auteur brasse beaucoup d'événements et de personnages dans ses trois cent cinquante pages, ce qui change agréablement du syndrome du Livre ventripotent™, même s'il faut parfois s'accrocher pour se rappeler qui est qui. Fabio Mitchelli renoue également avec une grande figure du roman populaire, depuis Fantômas ou Les Habits Noirs, avec ce maître secret que nul n'a jamais vu, véritable génie du crime dans la tradition, tirant les ficelles dans l'ombre. Comme l'auteur n'a manifestement pas la prétention, ni l'intention de révolutionner le genre, mais d'apporter un frisson digne de La Bête noire qui peut sommeiller en certains, on peut dire qu'il atteint sa cible.
Citation
Le K11.43, c'est l'orphelinat des petites frappes perdues de Nice et, comme dans toutes les sociétés de misère, un chef sommeille en elle pour mener le peuple à la guerre.