L'Hôtel de verre

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Roman - Noir

L'Hôtel de verre

Social - Huis-clos - Énigme MAJ lundi 08 mars 2021

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Emily St. John Mandel
The Glass Hotel - 2020
Traduit de l'anglais (Canada) par Gérard de Chergé
Paris : Rivages, mars 2021
398 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-5165-7
Coll. "Noir"

Pur moment de douceur noire

Tout commence avec une jeune femme qui se prénomme Vincent. Rien que ça signale l'état et l'atmosphère d'étrangeté douce dans laquelle va nous plonger Emily St. John Mandel. Nul doute pour les amateurs de romans policiers que ça ne va les décontenancer car les œuvres précédentes de la romancière nous avaient habitué à ces créations où les personnages et les événements semblent comme flotter entre réalisme précis et méticuleux, événements légers qui annoncent des catastrophes (ici, la mort est annoncée par un graffiti gravé à l'acide sur une fenêtre d'hôtel) qui côtoient des moments de pure poésie (avec une héroïne dont l'œuvre artistique - mais elle ne le sait pas -, est constituée de films de cinq minutes où elle cadre un élément, un paysage, parfois fixe, parfois alors qu'elle se déplace : ce que je vois depuis la fenêtre de ma voiture, depuis le pont d'un bateau, etc.). Mais rien n'est fixe dans ce roman. Nous allons suivre Vincent, qui passe de barmaid dans un hôtel à compagne du patron de l'hôtel, un riche homme qui travaille surtout dans un groupe où il a monté une pyramide de Ponzi, puis qui partira, après l'arrestation de ce dernier, comme cuisinière sur un porte-conteneurs, avant de disparaitre en pleine mer. Nous suivrons aussi le patron, "rejouant le match" depuis sa prison, ses collaborateurs et comment ils essaient ou non d'échapper à l'incarcération, le demi-frère de Vincent, toxicomane et musicien, entre autres, un riche client devenu pauvre suite à l'escroquerie et qui doit enquêter sur la disparition de Vincent en mer... Tous ces récits, qui, parfois se répondent, de manière subtile, parfois s'en éloignent, se situent régulièrement dans des décors feutrés, tamisés : un hôtel pour milliardaires voulant se ressourcer, des cabines de bateaux, un loft de centre-ville, des bureaux de grand standing, pour nous offrir une symphonie envoutante, étrange, comme un cauchemar lynchien. L'Hôtel de verre confirme la qualité de l'écriture d'une auteure du noir à part, offrant une vision personnelle de la noirceur humaine, avec ses parts d'ombre, de beauté. Une fois de plus, le lecteur est bluffé et se laisse porter, hypnotisé, comme lorsqu'on regarde les flocons de neige chuter ou que l'on perçoit plein de nuances derrière un haïku.

Citation

Par une soirée de printemps à l'hôtel Caiette, en 2005, l'agent d'entretien balayait le hall quand une cliente lui adressa la parole. 'Vous avez oublié une tache, là.' lui dit-elle. Paul eut un semblant de sourire forcé et détesta sa vie. »

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 08 mars 2021
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