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Contrebande, carrom et funérailles célestes
Grand format
Inédit
Tout public
264 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-37453-829-7
Coll. "38. Rue du polar"
Encens, thé et petites pépés
Gopika est une jeune professeur, fiancée à un charmant policier. Son amie Shirley, actrice de Bollywood, est venue se ressourcer près de chez elle, dans les montagnes de l'Himalaya. Mais Shirley a un ex-mari, escroc, menteur, membre d'une association criminelle et député nationaliste hindou. Un jour, Shirley est arrêtée pour possession de drogue (on en a retrouvé une certaine quantité chez elle), et à peine est-elle présentée au juge qu'il la fourre en prison, que son ex-mari arrive avec un jugement du tribunal qui dit qu'en fait, il est le légitime propriétaire de la maison qu'elle occupait, le domicile faisant partie de sa dot... Dès son installation, cet ancien conjoint mais toujours indélicat orne la maison afin d'en faire un temple de fortune à un dieu hindou, objet de pèlerinage et surtout menace sur la religion bouddhiste locale. Des pèlerins arrivent aussitôt... En parallèle, l'homme politique entend lancer une télévision qui diffusera des parties de billards indiens (en VO le carrom du titre). C'est en fait en sous-main un moyen de lancer des paris clandestins qui lui rapporteront beaucoup d'argent. Gopika voit alors débarquer une jeune femme, très féministe, qui avait jusque-là, pour financer ses actions, la totalité des paris clandestins sur le billard. Elle vient pour surveiller et coincer le député. Un député qui n'a pas froid aux yeux, et qui est prêt à aider son ex-femme à être libérée si Gopika accepte de coucher avec lui !... Comment s'en sortir ? Qu'est-ce que cache le pèlerinage ?
On connaissait peu les romans noirs ou policiers indiens. Et, de toute façon, c'est là un auteur français qui a décidé de situer ses intrigues là-bas. Se situant plus dans la veine d'un Charles Exbrayat, il présente, au milieu d'éléments éminemment locaux (la corruption généralisée, les trafics divers, la haine programmée et montée en épingle entre hindouistes et bouddhistes) une intrigue qui joue sur l'humour et la légèreté avec au cœur une héroïne, qui oscille entre bonne volonté, naïveté et dynamisme. Le récit prend son temps, développe des personnages parfois caricaturaux (le député pervers et escroc est d'une mesquinerie sans mesure, la féministe est plus nuancée entre l'idée généreuse de sa mission et l'impression que ce n'est qu'une autre façon de présenter ses propres escroqueries) et se sert avec intelligence des décors et des enjeux locaux (la façon de se débarrasser d'un cadavre, entre horreur et situations risibles par exemple) pour constituer, comme le fut en son temps Charles Exbrayat avec ses histoires écossaises ou italiennes, un roman allègre, vivant et sympathique. Contrebande, Carrom et funérailles célestes réussit dans cette tonalité qu'est le polar léger et primesautier, et s'avère une bonne surprise.
Citation
Les acteurs sont connus pour avoir des carrières en dents de scie. Peut-être que son téléphone s'est arrêté de sonner ? J'ai toujours pensé qu'abandonner son beau nom de Namgyel Bhutia pour se faire appeler Shirley finirait par lui attirer le mauvais œil.