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Inédit
Tout public
Traduit de l'italien par Anita Rochedy
Grenoble : Glénat, mars 2021
192 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-344-04240-3
Coll. "Hommes et montagnes"
Le passeur perdu
Ancien passeur retiré dans les Alpes piémontaises, Cesare n'est pas du genre loquace. Veuf, solitaire, il n'aspire qu'à une vie simple en compagnie de sa louve domestiquée. Un mode de vie qui va voler en éclats après la découverte du cadavre de son neveu, qui avait pris sa suite. Vieille vengeance ou conséquence des autres trafics plus lucratifs auxquels se livrait Fausto ? Dans cette communauté isolée, le sang appelle le sang, par delà les années, et ce qui a été commencé doit être terminé.
Second roman de l'Italien Davide Longo, Le Mangeur de pierres est un polar taiseux, rugueux comme les paysages de cette zone frontalière où, l'industrie partie, ne reste que la misère et des villages qui se vident au fur et à mesure des morts et des départs, mais où le passé, même le plus lointain, rythme les échanges quotidiens. Ainsi, Cesare, surnommé "Le Français" pour la simple raison que son père a vécu de l'autre côté des Pyrénées porte-t-il le poids des actions de toute sa famille. À travers ce personnage dur et sec comme un rocher, Davide Longo dessine une histoire tragique de solitude, de perte, mais aussi de responsabilité alors que Cesare se trouve contraint de terminer la tâche de son neveu, de guider un groupe de migrants à travers les montagnes. Contemplatif et atmosphérique, Le Mangeur de pierres ne s'embarrasse que peu de dialogues et d'introspection, et c'est souvent la description d'un paysage familier, d'un lieu de vie, voire d'une simple pièce , qui vient éclairer un personnage et ses actions. Une sécheresse de ton qui peut désarçonner les habitués d'une écriture plus fonctionnelle mais qui, de par ses choix radicaux, rend mieux que bien des mots l'atmosphère pesante de ces communautés en bout de course et de leurs populations laissées au silence.
Citation
Par moments, une odeur putride se mêlait à celle du musc. Cesare pensa à la charogne de quelque animal venu s'abreuver qui n'avait pas eu la force de remonter. Les loups et les fouines le nettoieraient de sa chair en quelques jours, puis l'hiver ferait le reste en le rendant à la montagne d'où il venait.