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Grand format
Inédit
Tout public
288 p. ; 22 x 16 cm
ISBN 979-10-375-0123-3
Coll. "Equinox"
La course du rat dans le labyrinthe de la ville.
Nous sommes dans le monde d'aujourd'hui. Et alors que l'on vante les premiers de cordée, force est de constater que de plus en plus de gens sont mis de côté par la machine à gagner. Prenons Abel, il vit avec sa mère célibataire qui fait des ménages. C'est un étudiant qui décide de se trouver un travail pour l'aider. Comme il est un homme de son époque, il croit dur comme fer que son auto-entreprise de coursier va l'aider à gagner sa vie. Mais il va découvrir très vite que la vie de coursier, quand on décide d'utiliser un vélo et de rester honnête, est compliquée, car beaucoup trichent, et ce de mltiples façons. Il y a aussi Léna. Elle, elle a pris l'ascenseur social et est devenu professeure. Mais en région parisienne, entre les coûts et la difficulté, elle a dû revoir ses ambitions et a même démissionné. Aujourd'hui, clochardisée, elle répare les vélos des coursiers au noir, et offre aux coursiers dans son abri de fortune un coin où se reposer entre deux courses. Il y a également Igor, un avocat qui espère sauver la veuve et l'innocent, mais qui comprend assez rapidement que son travail risque d'être beaucoup plus ingrat. Alors, pourquoi ne pas défendre justement ces coursiers contre leurs patrons voraces ? Ajoutons Jean et Yass. Le premier est un ancien grand reporter qui aujourd'hui sert la soupe à Paul Parsène, un imbuvable présentateur de talk-show. Le second est un jeune journaliste qui espère décrocher un CDI sur la chaîne qui propose ledit talk-shaw. Les deux se démènent pour ce Paul Parsène qui les maltraite, du haut de son audimat. Tout est en place, et il suffit d'attendre que les conditions se tendent pour les travailleurs de la base et que tout explose. Car comme on disait autrefois : "Quand l'herbe vient à manquer, même les moutons mordent." Les différents personnages vont donc se croiser pour transformer ce qui est au choix un conte de fée libéral ou un cauchemar capitaliste (à supposer qu'il s'agisse de deux choses différentes).
Roman éminemment noir, dans la mesure où il brasse du social, Tous complices !, de Benoît Marchisio, décrit un monde où tout un chacun peut profiter de la situation de misère des autres. Il joue sur du velours avec des personnages symboliques que l'auteur brosse en quelques lignes, mais dont il sait dans le même temps les étoffer en développant leur parcours et leurs rêves pour éviter de transformer son roman en un essai manichéen (même si la figure du présentateur est caricaturale - mais ne sont-ils pas eux-mêmes des caricatures ?). Description aiguisée du malaise social et de l'uberisation de la société, d'un monde individuel qui part en déliquescence et explose sous nos yeux, Tous complices ! est une parabole dystopique et réaliste, noire, de notre réalité actuelle. Sans atteindre la puissance d'un 1984, le roman est un bon point de départ pour une réflexion intelligente sur ce que nous voulons faire de notre monde.
Citation
Il sait qu'il a dévié de la trajectoire qu'elle voulait pour lui. Qu'il n'a pas rempli sa part du contrat, qu'il n'a pas suivi les règles, n'a pas tout fait comme il faut, mais qu'il est à la bonne place, ce matin, et qu'il est heureux, là où il est. Il a retrouvé un sens en s'arrimant à un collectif. Et dans l'émeute, il a trouvé le groupe, le possible.