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Les Voleurs de curiosités
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (Irlande) par Laurent Philibert-Caillat
Paris : Presses de la Cité, février 2021
476 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-258-16346-1
Coll. "Romans"
Les Curiosités sont un vilain défaut
Londres, 1863. Bridie Devine, enquêtrice peu orthodoxe, est chargée de retrouver la fille d'un baronnet, enlevée de chez elle dans des circonstances mystérieuses. Aussi étranges que l'enfant elle-même, créature fantastique dissimulée à la vue de tous et aux pouvoirs mystérieux. Flanquée du fantôme d'un boxeur qui refuse de lui révéler son identité, Bridie Devine, ex-enfant des rues passée par l'éducation d'un résurrectionniste va devoir plonger dans la population interlope d'un Londres qu'elle n'imaginait pas, où tout le monde n'est pas aussi humain qu'il y paraît.
Amatrice des ambiances gothiques saupoudrées de merveilleux, la jeune auteure britannique Jess Kidd ratisse large pour son deuxième roman (mais le premier traduit en français). Autour d'un canevas assez lâche, elle entrecroise, non sans un certain talent, toutes les figures imposées du ou plutôt des styles qu'elle aborde : au polar historique elle emprunte un cadre urbain, assez finement décrit, et des faits avérés (les pratiques clandestines des résurrectionnistes), au fantastique, des créatures hybrides, convoitées par les possesseurs de "cabinets de curiosités", des médecins fous et même un fantôme ; au merveilleux enfin, elle puise des ambiances légères, des images qui, à l'instar des tatouages mobiles du fantôme hâbleur composent des saynètes "typiques". Sur le papier donc, son roman, porté par une héroïne au physique remarquable (elle est très rousse, et ce fait nous est constamment rappelé), au sombre passé et aux mystérieuses facultés, a tout pour plaire ou, au moins, pour intriguer... Sauf que non, et que Les Voleurs de curiosités apparaît comme un assemblage clinquant et un peu putassier qui ne va jamais au bout de ce qu'il promet. Comme un train fantôme un peu ringard que l'on sait composé de bois et de boulons destiné à provoquer l'effroi à des moments prévus, l'intrigue suit des rails tellement énormes qu'ils finissent par masquer tout le décor, dans lequel on nous promène pourtant sans oublier aucune étape pittoresque, et l'omniprésence des dialogues, loin de masquer les monstrueuses (c'est le cas de le dire) facilités de style, ne font que les amplifier. Marchant sur les traces des Penny dreadfuls (des fascicules horrifiques à bas prix circulant en Angleterre à l'époque du récit), ce roman constitue une honnête lecture de plage, sans grand tourment ni frisson, et rien de plus... Les amateurs de "vrais" détectives de l'étrange iront ailleurs chercher des saveurs moins frelatées.
Citation
Inspirez, mais pas trop profondément. Suivez les profonds effluves des tanneurs, la puanteur de caramel pourri des brasseries qui plane à travers Seven Dials. Dépassez les parfums de naphtaline des tailleurs bon marché et tournez à gauche, en direction des odeurs de soie brûlée du chapelier fou. Juste au-delà, vous noterez le bouquet douteux de l'entrejambe d'une prostituée surmenée et la sueur très vertueuse d'une femme de ménage.