Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
180 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 979-10-388-0130-1
Coll. "Rouge"
Autumn in New-York
Thelma Vermont est une détective privée de New York qui évolue dans les années 1960. L'atmosphère est fébrile car à cette époque on prépare les élections présidentielles et un certain John Fitzgerald Kennedy débarque dans la vie de nombre d'Américains. D'ailleurs, à New York même, un jeune publiciste qui a le vent en poupe et est chargé d'une grosse campagne que prépare un fabricant de cigares (la disparition du concurrent cubain pour cause de révolution pourrait changer la donne), participe en même temps à la campagne du futur président. Tout pourrait lui sourire. Aussi quand il s'évanouit dans la nature, des questions se posent. Son épouse est affolée et vient demander l'aide de Thelma Vermont car la police ne semble pas très angoissée. La détective privée commence son enquête, mais elle s'inquiète car elle est suivie, elle-même, par des gens louches. Son enquête oscille entre cette épouse, peut-être pas aussi lisse qu'elle le semble, et un frère grand avocat qui s'occupe en ce moment d'un problème lié aux droits civiques (c'était aussi une des grosses affaires de l'époque). Y aurait-t-il un rapport avec une jeune femme très jolie qui travaille dans l'agence de publicité ? Ou bien avec une agence concurrente qui aurait débauchée ou pire, mis hors d'état de nuire, le génie publicitaire ? Sans compter que l'on ne peut totalement exclure un lien avec la campagne politique qu'il soutenait et qui lui aurait fait voir des choses qu'il n'aurait pas dû voir. Et s'il avait été enlevé pour mettre en porte-à-faux son frère ?
Entre deux airs musicaux, deux références à l'époque, tous bien amenés qui montrent comment Muriel Mourgue a su s'insérer dans l'air du temps sans s'appesantir, Secrets en sourdine promène son héroïne dans une ville et une époque mythiques. La montée du suspense est bien construite, et la résolution est logique et inattendue (ce qui fait souffler car l'auteure nous a entrainé sur une fausse piste l'air de rien sans insister - autour des agents secrets et des frasques sexuelles d'un futur président). La trajectoire de la détective privée, ses pensées, ses amours, sont décrits avec soin et pudeur, et constitue un contrepoint intéressant à l'intrigue plus noire. Entre l'arrière-plan et le personnage, le lecteur voit se former devant ses yeux le film noir, la série B tendue au cordeau, portés par la musique jazz, en arrière-plan, en sourdine, dans un livre qui est un hommage intelligent, une nostalgie utile en ces temps de pandémie, un exercice de style qui atteint son but sans fausses notes, ce qui était la moindre chose pour rendre grâce à Dana Raise !
Citation
J'aurais voulu croire qu'on pouvait ressusciter le passé. Mais jamais Leroy ne reviendrait. Il n'y avait pas de seconde chance ! Le temps était maintenant venu pour moi d'accepter l'inacceptable. Il me fallait à présent comme le chante Dana, 'rendre les armes' et dire adieu à Leroy.