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Qui trop embrasse, mal écrit
Un célèbre mannequin albinos se réveille d'un coma provoqué par un accident de la route pour se trouver hanté par des rêves récurrents où il se voit tuer de manière sanglante. Tandis que les cadavres s'accumulent autour de lui, une question s'impose : serait-ce l'œuvre de son jumeau maléfique envieux de son succès ? La rencontre d'une jeune SDF borderline lui permettra-t-elle de sortir de ce cauchemar ?
À la lecture de ce bref aperçu, on se rend rapidement compte que Daph K. Travis, dont c'est le premier roman après une quinzaine d'années d'écriture sous divers pseudonymes, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère : un (anti-)héros albinos, obsédé par Andy Warhol et la Factory, traqué par son frère jumeau maléfique et psychopathe, une adolescente au bord de la rupture, de la décadence, des scènes de sexe gratuites, des dialogues orduriers, tout y est, et surtout le pire. Idéalement, un tel cocktail, largement irrigué de références rock parsemées en têtes de chapitres, aurait au moins pu constituer une lecture-choc, riche en images trash... mais même pas. Dans cette lutte à mort entre deux frères ennemis, on se perd très rapidement, la faute à des essais stylistiques intéressants, mais pas toujours maîtrisés qui font que l'intrigue s'égare souvent. Daph K. Travis a voulu brouiller les limites entre réel et fantasme, mais ne parvient qu'à égarer son lecteur dans des accumulations de poncifs rendus encore plus insupportables par une faiblesse générale d'écriture qui rend certaines scènes involontairement hilarantes (les scènes de sexe et de meurtres, bourrées de clichés et de formules toutes faites sont à ce titre exemplaires de ce qu'il ne faut surtout pas faire). Avec ses personnages caricaturaux, son intrigue en roue libre, sa manière de se vautrer inutilement dans le glauque et ses clins d'œil énormes (à American Psycho, à l'esthétique du giallo...), Wild Dandy Boy est typiquement le genre de roman qui aurait mérité quelques mois de travail supplémentaire et un sérieux travail d'édition. En l'état, c'est tout simplement illisible, sauf à avoir de sérieux penchants masochistes.
Citation
Ne souris pas, ne sois pas tendre... sois sombre, dur et classe... violence et élégance... il faut de l'esthétisme, même dans le mal... sois cynique et scénique... tiens-toi droit...