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Inédit
Tout public
Traduit de l'italien par Laura Brignon
Paris : Albin Michel, mars 2021
558 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-226-44644-2
Coll. "Romans étrangers"
Jeunesse et genèse d'une dictature
Nous sommes en Allemagne en 1931. Plus précisément à Munich. Une campagne électorale se prépare lorsqu'on retrouve une jeune femme morte dans l'appartement d'un des candidats. Ce dernier n'est autre qu'Adolf Hitler ce qui conduisent les passions à se déchaîner. Le gouvernement envoie Sauer et Forster pour s'occuper de l'enquête. La victime, la nièce d'Adolf Hitler, a été retrouvée morte dans une chambre fermée à clé, l'arme à proximité d'elle. Il s'agit sans doute un suicide, ce qui arrange les pontes d'un parti qui veut avant tout éviter un scandale. Heureusement, leur leader était, au moment du décès, dans une autre ville, se préparant pour un meeting. Pourtant, certaines personnes au gouvernement aimeraient bien que l'enquête soit un peu plus poussée car mettre en difficulté un opposant politique, c'est toujours bon à prendre. Les deux policiers se rendent bien compte qu'ils marchent sur des œufs. Et si tous deux ne sont pas considérés comme des partisans du NSDAP, il n'empêche que Sauer a un passé un peu trouble. Quant à Forster, il manie l'ironie envers le futur führer d'une manière qui pourrait lui jouer des tours. Les choses se compliquent quand Adolf Hitler lui-même demande à Sauer d'enquêter, et lui ouvre les portes de son parti et des adjoints pour poser toutes les questions qu'il souhaite. En parallèle, le corps de Geli, la nièce, est vite embarqué pour Vienne où elle doit être enterrée, pendant que le médecin légiste fuit la ville sans trop laisser d'informations et que les photos prises sur les lieux du crime (ou suicide) brûlent dans la chambre noire de la morgue.
Servi par une documentation précise, Fabiano Massimi décrit avec soin ces derniers mois où Hitler n'est qu'un chef de parti. À travers les divers personnages de ce roman, on distingue bien les forces et les conflits naissants dans cette Allemagne pré-nazie. La violence est là en sourdine, la haute direction du parti se cherche encore, et des plans pour faire chuter un rival ou un autre sont autant de chausse-trappes. Certains ont même l'air d'aider l'enquête uniquement dans le but de savonner un peu la planche du chef. Les réactions des deux policiers, de leurs amis et compagnes, des témoins qu'ils interrogent, montrent toute la complexité d'un monde qui se cherche, de gens qui comprennent bien qu'il vaut mieux parfois éviter tout risque - car les témoins ont une tendance à se suicider assez impressionnante. Comme pour la série autour de Bernie Gunther de Philip Kerr, l'auteur italien a su mélanger avec soin des éléments historiques avérés et des reconstructions plausibles sur un "fait divers" qui toucha réellement les fondations du nazisme au début de sa progression. Les personnages sont décrits avec crédibilité et force, y compris dans leurs doutes et parts d'ombre. Reconstitution intelligente, prenante, se basant sur une intrigue bien menée, L'Ange de Munich s'avère être un roman extrêmement convaincant, autant dans sa partie historique que politique ou policière. Un ouvrage qui doit trouver toute sa place dans la bibliothèque d'un amateur.
Citation
Plus tard, quand sa vie aura tellement déraillé qu'il serait impossible d'y remédier, Sauer repenserait souvent à ce petit déjeuner avec Mutti au marché - et au fait qu'aucun homme n'a jamais conscience du moment précis où son destin commence à s'accomplir, qu'il le veuille ou non.