Une cathédrale à soi

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Roman - Noir

Une cathédrale à soi

Fantastique - Ethnologique - Mafia MAJ samedi 29 mai 2021

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23 €

James Lee Burke
A Private Cathedral - 2020
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Christophe Mercier
Paris : Rivages, mai 2021
444 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-7436-5307-1
Coll. "Noir"

Vaisseau fantôme en Louisiane

On parle-là d'une époque avant que les tours jumelles ne s'effondrent. À une période où Dave Robicheaux venait de perdre son épouse et avait été mis à l'écart de la police (mais il est réinstallé dans ses fonctions alors que le roman débute). Pourtant le mal dont il est le témoin et qu'il essaie de combattre était déjà là. Deux familles de la mafia, les Shondell et les Balangie, s'opposent pour contrôler la région. Mais parfois elles s'allient et c'est ainsi que pour sceller un accord la jeune Isolde doit épouser le vieux Shondell. Seul problème, Isolde est une superbe chanteuse et elle s'accorde à merveille avec un guitariste remarquable qui n'est que le neveu de la famille, Johnny Shondell. Ce dernier est pris entre sa loyauté familiale et son amour pour la belle ennemie des jours passés. Tout se complique avec la mère d'Isolde, Penelope, elle aussi victime d'une alliance des années auparavant, mais qui est tombée amoureuse de Dave. C'est alors que Robicheaux et son ami Purcell décident de mettre un peu de remue-ménage au sein des deux familles. C'est d'autant plus compliqué qu'un mystérieux tueur traîne dans les parages, semblant surgi du Moyen Âge, cherchant à travers les siècles une rédemption pour avoir été le bourreau de Giordano Bruno. Parfois, le long du fleuve, on distingue un bateau négrier peuplé de damnés et dirigé par ce tueur, à la recherche de criminels qui doivent se faire pardonner pour que le tueur puisse gagner sa part de paradis...
Ce nouveau roman de James Lee Burke poursuit la longue confrontation de Dave Robicheaux avec le Mal. Ici se mélangent avec encore plus de transpercées du fantastique, une alliance entre la mafia, les forces de l'extrême-droite, les penchants sadiques des personnages, et l'appât du gain. Le personnage très ambivalent du tueur qui, comme dans d'autres romans, oscille entre une profonde aversion du narrateur et des éléments qui le présentent comme un personnage désireux de rendre le bien, de manière particulière, sont symbolisés par son changement tout au long du roman. À l'inverse de Voldemort, le personnage maléfique croisé par Harry Potter, le tueur a un visage sans traits au début, comme lavé et travaillé par la figure du serpent, puis peu à peu se forment des bisses, des reliefs, des contours, qui lui donnent un visage humain à mesure qu'il se rapproche de la fin de sa quête de rédemption. Le passage entre les aspects réalistes purs et la plongée dans le monde surnaturel sont racontés par un style maitrisé qui fait glisser de l'un à l'autre de manière sinueuse et discrète, à tel point qu'il est difficile de voir à quel moment on passe du yacht hyper moderne du parrain local à une lutte sur une sorte de galère-vaisseau fantôme. Du coup, alors que le livre continue de raconter une histoire que James Lee Burke manie depuis plusieurs romans, il parvient encore à nous surprendre, à nous faire adhérer à son univers, à nous donner envie de suivre ses deux complices que sont Robicheaux et Purcell jusqu'au bout de l'enfer - là où ils se rendent encore une fois, pour notre plus grande joie.

Citation

C'était l'un de ces instants où l'on flotte entre la vie et la mort, et où l'on éprouve le désir lancinant de s'accrocher à la fois à la terre et à l'éternité, en regrettant tous ces jours et ces nuits qu'on a balancés par-dessus bord tandis qu'on démolissait sa vie.

Rédacteur: Laurent Greusard samedi 29 mai 2021
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