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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du polonais par Caroline Raszka-Dewez
Paris : Agullo, avril 2021
534 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 979-10-95718-94-9
Coll. "Agullo Noir"
Varsovie confidential
Dans les romans de Wojciech Chmielarz, il y a une équipe de policiers sur Varsovie composée principalement de Kochan, Mortka et la Sèche. Au-dessus d'eux Andrzejewski, leur directeur adjoint. Les Ombres débute sur un drame doublement mortel : une femme et sa fille sont abattues. Elles étaient les seules survivantes de la famille d'un ancien gangster disparu depuis quelques années et dont le corps, ainsi que celui de deux autres importants mafieux locaux, vient d'être retrouvé. Kochan était chargé d'enquêter sur ces trois cadavres, et couchait avec la fille. Sur les lieux du crime, on retrouve son arme et il s'avère très vite qu'il a disparu. Andrzejewski demande alors à son équipe de ne pas aider son collègue. Les regards se tournent vers Borzestowski, le parrain actuel de la ville, même si son âge commence à en faire une cible pour les nouveaux requins. Le parrain est d'autant plus à cran que la triple mort inaugurale lui avait permis d'assurer sa mainmise sur la ville, et que son bras droit est dans la nature, cherchant à obtenir le statut de témoin protégé (et il dispose de preuves impliquant son patron). De son côté, la Sèche a mis la main sur une clef USB avec des vidéos qui montrent des pratiques sado-masos allant jusqu'au meurtre. Elle cherche à arrêter les responsables, remontant jusqu'à un lobbyiste réputé. Ce dernier est plus que passablement énervé, et il a dans sa manche des hommes politiques et des policiers, et veut s'allier avec le parrain pour faire stopper cette enquête. De son côté, Mortka veut aider sa collègue, et également trouver la vérité qui innocentera Kochan. Mais comment faire ? Surtout qu'il comprend très vite que derrière la mort de ces trois truands des années auparavant, il y a sûrement d'anciens accords entre truands et hauts gradés de la police.
Wojciech Chmielarz a créé une série gravitant autour de policiers et d'un même service de Varsovie. Même si évidement les personnages sont creusés un peu plus à chaque épisode et que leurs failles apparaissent, la lecture d'un volume séparé est possible. En tout cas, dans ce volet-ci, la poursuite d'un univers noir et désespéré, où le cynisme, la violence, les faux-semblants règnent en maître, place d'emblée le roman dans la lignée des descriptions noires des polars anglo-saxons, où la police semble n'être souvent qu'un gang plus officiel que les autres. Ici, la découverte de la vérité par Mortka, qui veut à tout prix sauver son collègue car il soupçonne un piège créé de toute pièce pour l'empêcher d'enquêter, débouchera sur une crise plus forte et violente que celle qu'il croyait régler. Cerise sur le gâteau, une certaine ironie se manifeste avec les obligations pour Kochan de se cacher dans l'appartement qu'il sous-loue avec des jeunes qui ne veulent pas se prendre la tête, alors que petit à petit policiers et gangsters viennent eux aussi se cacher dans la chambre. L'auteur déplace régulièrement son point de vue : d'une enquête à l'autre, en décrivant soudain les actions des gangsters pris eux aussi dans leurs contradictions, renforçant à la fois le suspense, la tension dramatique et sa maîtrise de la construction. Les Ombres est un roman qui montre que les écrivains polonais n'ont pas à rougir en manière de noir des grandes figures américaines du genre.
Citation
Ils s'étaient mis d'accord pour se rencontrer sans armes, mais cette mise au point, selon Gruda, ne concernait que les pistolets. Si son hôte s'attendait vraiment à ce que l'inspecteur se pointe chez lui complètement désarmé, il devait être fou. Le couteau était bien dans la poche.