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Le Fauve du meilleur crime
Grand format
Inédit
Tout public
264 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-8177-0815-7
Coll. "So noir"
Finir entre quatre planches pour quatre planches
Il faut souvent s'appuyer sur les éléments traditionnels de l'histoire : un trésor artistique caché, une femme fatale, un détective qui prend des coups. Ce schéma qui a fait les beaux jours du Faucon maltais, de Dashiell Hammett, est remis au goût du jour par François Darnaudet, un écrivain qui poursuit une œuvre intelligente et intéressante, en s'appuyant sur ses propres passions. François Darnaudet est également scénariste de bande dessinée. On lui doit, entre autres, avec le dessinateur Elric, la série "Whitchazel" – censée être pour enfants -, mais qui réjouit tous les amateurs du fantastique et de l'animalier discret du genre de Sibylline et autres œuvres de Raymond Macherot. C'est donc un connaisseur du genre par ailleurs romancier avec une liste de livres qui s'allonge à présent. Ayant écumé le Festival de la Bande Dessinée d'Angoulême, il était logique qu'il y installe un jour une intrigue policière.
Ici, son détective Igor Leroux doit accompagner, comme garde du corps, une dessinatrice de renom, mais assez farfelue et têtue, qui a reçu des menaces de mort. Mais à peine arrivé, le détective est assommé et c'est l'agent de la diva qui est retrouvé mort... Qui pourrait être coupable ? L'enquête se complique lorsque Igor entend parler de quatre planches de "Blake et Mortimer" disparues depuis des années et qui pourraient valoir beaucoup d'argent. Heureusement, la rencontre de la belle Muriel va l'aider à trouver la vérité (enfin une grande partie). Là-dessus, les choses se compliquent quand notre détective se rend compte qu'il est suivi par un autre détective privé et que ça a un rapport avec sa propre naissance. Ce détail va permettre d'insérer un retour en arrière, au début des années 1980, avec une autre enquête qui joue aussi avec les codes du roman noir : un détective reçoit dans son bureau la visite d'un homme qui meurt dans ses bras. Enquêtant pour le compte d'une belle femme qui se dit sa compagne, le détective qui n'est autre que le mentor d'Igor, va lui aussi devoir se diriger vers Angoulême pour en savoir plus...
L'auteur joue donc avec des multiples références : les lecteurs découvriront une visite d'Angoulême, des descriptions des milieux de la BD, deux enquêtes qui permettent de raconter deux histoires en miroir l'une de l'autre, menées avec soin. Des détails permettent de créer à la fois des effets de réel, des clins d'œil sur la vie de François Darnaudet (qui "pousse le vice" jusqu'à apparaitre de manière plurielle dans son texte, mais ces éléments sont un plus pour ceux qui suivent l'auteur et non un frein à la lecture). Avec Le Fauve du meilleur crime, François Darnaudet continue son exploration des littératures du mauvais genre, y insufflant son esprit et son maitrise des intrigues et des personnages. Le dernier chapitre annonce une suite possible qui mettrait en scène Boris Vian, ce qui est déjà un bon signe.
Citation
Muriel se planta devant une série de gravures en noir et blanc présentant des hommes et des femmes aux visages torturés. Il se dégageait de l'ensemble une sorte de poésie du désespoir, un hymne triste à la monstruosité.