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Inédit
Tout public
Traduit du coréen par Isabelle Ribadeau-Dumas, Lee Hyonhee
Paris : Matin calme, octobre 2020
298 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-491290-24-5
Mortelles dépressions
Le chien noir est une métaphore coréenne, que l'on pourrait rapprocher du cafard chez nous, pour désigner la dépression. En Corée, le phénomène de dépression provoque de nombreux suicides, et des traitements pharmaceutiques tentent de réduire le nombre des cas. Mais certains pensent que le "remède" est pire que le mal et que ce sont même les psychiatres qui diagnostiquent des dépressions pour enrichir les laboratoires, avec des médicaments qui empêchent de sortir de la dépression. Nous allons suivre deux "enquêtes" en parallèle qui évoquent ce phénomène. D'un côté, un jeune avocat est chargé d'aider à la défense d'un homme. Atteint d'une dépression, mais désireux de la masquer pour ne pas embêter sa famille, il a essayé de la surmonter. Pris d'une violente colère, il s'est battu avec son voisin qui est mort accidentellement lors de la rixe. Un angle d'attaque de la défense pourrait être de prouver que c'est l'influence des médicaments qui a provoqué une altération de son jugement. L'avocat va donc aller voir un groupe qui lutte pour interdire ces médicaments, et il va avoir la surprise de rencontrer un ancien condisciple. De l'autre côté, nous suivons deux policiers chargés d'enquêter sur la disparition (puis la découverte du corps) d'une jeune femme. Peu à peu ils vont apprendre qu'elle était dépressive et faisait partie d'un groupe qui tentait par des sorties et des activités de retrouver la joie de vivre. Lorsque le cadavre surgit, il porte des habits d'hiver alors qu'on est en été. De quoi instiller des doutes chez les policiers.
Le roman de l'auteure Song Si-Woo se divise en plusieurs éléments - deux histoires qui vont se recouper, des personnages qui aident à cerner le problème en l'explicitant, un peu comme si les policiers ou l'avocat avaient besoin d'experts en dépression pour comprendre les tenants et aboutissants. Derrière une histoire assez classique, plus proche de la version "occidentale" du roman policier traditionnel, Song Si-Woo parvient à maintenir son suspense grâce à une intrigue bien construite, des motivations à la fois étranges et logiques, et surtout un personnage de "méchant" particulièrement tordu, qui n'apparait comme tel que vers la fin. Permettant une vision de l'intérieur d'un pays asiatique complexe et dont les contours sont assez flous pour nous, Le Jour du chien noir s'avère être un bon texte qui correspond à ce que souhaite la maison d'édition Matin calme, à savoir nous faire découvrir la Corée du Sud à travers sa production littéraire haute en couleur.
Citation
En fait, Park Shim était loin d'être extravagant, il n'était pas drôle non plus. Il était d'une intelligence brillante mais réfléchissait longuement avant de parler. Il préférait approfondir les questions plutôt que de se précipiter pour y répondre.