Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Éric Holstein
Lyon : ActuSF, avril 2021
432 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-37686-281-9
Coll. "Hélios", 184
Black Lives Matters
Et si l'histoire américaine avait suivi un autre chemin ? Si la Guerre de Sécession n'avait pas eu lieu ? Si, au sein de l'Union, quatre États sudistes n'avaient pas aboli l'esclavage ? Quel visage aurait le pays de nos jours ? Dans ce monde alternatif si proche du nôtre, Victor est un chasseur d'âmes. Lui même ancien esclave, il traque pour le compte des U.S. Marshals les esclaves en fuite pour les ramener dans le Sud, vers leurs "propriétaires". Face à lui, les abolitionnistes de l'Underground Airlines, bien décidés à les guider vers la liberté. Mais en prenant en chasse Jackdaw, n'est-il pas tombé sur l'affaire de trop ?
Auteur américain révélé par sa série "Dernier Meurtre avant la fin du monde", Ben H. Winters évolue souvent aux marges du polar et de la S-F., que ce soit le post-apo ou l'uchronie, qui viennent nourrir son univers. Avec Underground Airlines, il livre une réflexion essentielle sur un passé qui ne passe pas, une fracture profonde qui déchire les États-Unis et que met en évidence le récent mouvement Black Lives Matters. Oui, dans l'Amérique contemporaine, celle de Trump, mais pas uniquement, il existe encore une trop grande part de la population pour qui l'égalité entre blancs et noirs est loin d'être acquise, et ce même parmi les systèmes policiers et judiciaires. En se plaçant au cœur du problème, tout en le décalant vers l'imaginaire, Winters, auteur blanc qui dresse le portrait d'un antihéros noir, révèle pleinement la profondeur du gouffre qui sépare désormais blancs et noirs (au point que certains auraient pu lui reprocher de ne pas avoir le background nécessaire pour traiter de l'esclavage), autant que l'hypocrisie d'un système qui, des deux côtés de la frontière, se nourrit de la misère. Pour autant, Underground Airlines n'est pas un roman à thèse, et les péripéties de Victor, des deux côtés de la frontière, se lisent comme un passionnant thriller. Personnage caméléon, usant de multiples identités pour s'adapter aux situations et aux personnes, blanches ou noires, qu'il rencontre, Victor, alias Jim, alias Brother, alias Albie, expose autant de situations fausses, de rapports de force qui démontrent que, dans ce monde comme dans le nôtre, d'un côté ou l'autre d'un système qui opère sur la déshumanisation des individus (autant de la part des exploiteurs sudistes que des militants trop bien intentionnés), la liberté n'est jamais acquise et doit toujours se gagner de haute lutte. Un roman fort, qu'on espère ne jamais pouvoir considérer comme prophétique.
Citation
Comme pas mal d'autres villes, Indianapolis avait annoncé avoir 'relevé le niveau de sécurité', du coup les flics étaient libres d'arrêter les conducteurs noirs quand l'envie leur en prenait... même si, en temps normal, ils ne s'embêtaient pas trop à trouver une bonne raison.