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Logements insalubres et politique nauséeuse
Le nouveau récit de Marek Corbel se déroule à Morville-sur-Marne sur fond de lutte "politique" entre les socialistes qui ont décidé de rester dans le parti et ceux qui ont choisi l'option Macron. Une policière, Linda Kacimi, est prise entre deux missions d'importance : d'une part, elle doit dégîter une affaire de terrorisme qui permettra de se mettre en avant et de donner à la DGSI des gages au pouvoir en place et, d'autre part, elle entend profiter de l'occasion pour postuler à la mairie de la ville. Elle est d'ailleurs soutenue par un amant proche du pouvoir. En parallèle, Manlius, un petit détective privé, est appelé par un des responsables d'affaires immobilières qui s'inquiète pour sa vie. Force est de constater qu'il a raison car à peine le détective est–il devant sa porte que l'homme est assassiné. Et ce n'est que le début d'une série qui ressemble à une ancienne vengeance (la mort de locataires des années plus tôt dans un incendie d'un immeuble insalubre). Mais l'incendie cache sans doute d'autres scandales auxquels seraient liés certains membres du Parti socialiste dans de juteuses affaires immobilières (qui permettaient aussi aux socialistes de transformer les habitants, de diminuer la pression des communistes et de se constituer un matelas de votants). Le commandant Letica, une femme revenue de tout, est chargée de l'enquête sur les meurtres d'un avocat, puis d'un agent immobilier. Mais elle comprend vite qu'elle est au cœur d'enjeux qui la dépassent.
L'action principale de ce récit se déroule en région parisienne où les problèmes ont l'air d'être les mêmes que ceux plus exposés de Marseille. Marek Corbel raconte une histoire qui dépasse le simple fait divers. Ce qui est intéressant c'est bien l'interaction des personnages qui, au travers de l'intrigue, cherchent surtout à faire avancer leurs propres pions. Dans ce maelstrom, seul le tueur semble vouloir régler un problème de manière brutale certes, mais efficace. Construit en alternant les points de vue des personnages, en laissant des sous-entendus et en présentant l'hypocrisie des instances gouvernantes et policières, Une compensation aux luttes montre un état du pays qui ressemble assez à celui des immeubles insalubres : des gens s'enrichissent sur la misère et détournent les yeux des problèmes tout en se cherchant des alibis moraux pour leurs actes. À cet égard, un personnage de "chef corrupteur" qui change de corrompus au fil des passations de pouvoir est un homme de l'ombre esquissé de belle manière. Plus qu'un roman policier au sens strict, l'intrigue de Marek Corbel est l'évocation, à l'intérieur d'un faits divers criminel, d'un monde nauséeux, présenté de manière très réaliste et complexe. Un livre très intéressant et bien mené.
Citation
- Admettons, monsieur le divisionnaire ! Pour moi, en procédant de la sorte, nous n'arrêterons pas les vrais assassins dans ce dossier.
Granié s'emploie à conclure un échange décidément trop long.
- Doblier, votre avis relève davantage du registre de la morale plutôt que celui de la brigade criminelle à laquelle vous appartenez encore.