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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Caroline Nicolas
Paris : Le Cherche midi, mai 2021
366 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-7491-5734-4
Coll. "Thriller"
Eaux profondes
En 2000, Annalee Ahlberg est une jeune mère sans histoires, à une exception près : elle souffre de somnambulisme. Une maladie grave, dans laquelle on peut marcher, conduire, s'éloigner, voire se livrer à la sexsomnie, quitte à mettre sa vie en danger. Sa fille Lianna ne l'a-t-elle pas un jour récupérée alors qu'elle allait plonger nue dans le lac tout proche ? Aussi, lorsque Annalee disparaît un beau jour, pour Lianna, sa jeune sœur Paige et son père Warren, il y a forcément un rapport avec sa maladie. Lianna apprentie magicienne animant des soirées enfantines qui a un peu trop tendance à se perdre dans des paradis artificiels... Warren est disculpé d'office : la nuit de la disparition, ce professeur de littérature également sans histoire se trouvait à des centaines de kilomètres de là pour une conférence. L'inspecteur Gavin Rikert, chargé de l'enquête, n'est pas un inconnu, puisqu'il a fait partie du groupe de soutien entre somnambules d'Analee. Un policier qui devient vite l'amant de Lianna, à son instigation. Puis le corps d'Annalee est enfin découvert, avec les marques d'un choc sur la tête...
Les Yeux fermés, de Chris Bohjalian, est un roman qui commence à la fois de façon classique et engageante : les personnages sont attachants, bien dessinés et l'écriture plutôt soignée (et, on imagine, la traduction inspirée). Seulement voilà, le problème, c'est que ce roman nous est vendu comme un thriller... Or on nous développe toute la vie privée des personnages en multipliant toute sortes de personnages et d'éléments qui, pense-t-on, auront une certaine importance lors des révélations finales. Sans déflorer, celle-ci, si elle est logique, est d'une simplicité biblique (et on peut même, toujours sans déflorer, discuter si on est effectivement dans un polar)... au point que le tout aurait pu convenir à une nouvelle. Du coup, on s'aperçoit que tous ces éléments (une voisine également amatrice de cannabis, les fausses couches successives d'Annalee avant de pouvoir enfin enfanter, le fait que notre narratrice soit magicienne ou que sa sœur redoute d'être elle-même somnambule, la suggestion que Paige pourrait être d'un autre père, etc. retenez bien ces nombreux détails, car ils n'auront strictement aucune incidence sur la suite) n'étaient guère là que pour meubler et remplir de la page. Le roman risque donc de louper son public : on nous annoncerait un roman psychologique donnant dans les "eaux profondes" chères à Patricia Highsmith ou une chronique familiale, d'accord, mais comme suspense... Quant au titre français, il pourrait aussi bien être Les Pâquerettes de Saint-Flour, vu qu'il n'a guère de rapport avec quoi que ce soit dans le roman.
Citation
Ce qui m'obsédait, c'était combien cette dernière soirée, réellement, avait été banale. Il n'y avait eu aucun signe avant-coureur, aucune parenthèse de mauvais augure, rien qui puisse être interprété, même par le plus enragé des conspirationniste, comme un présage.