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Inédit
Tout public
Elle s'appelait fait divers
Dès ses sept ans, Kaya a toujours été un objet de harcèlement dans la cour de l'école. Plus grande que la moyenne, métis d'une mère d'origine hindoue, elle est le vilain petit canard type. Heureusement, à ses dix-sept ans, il y avait eu un rayon de soleil en la personne d'Albane, sa seule amie. Mais à la suite d'une soirée très alcoolisée, Albane refuse de partir avec Kaya, et le lendemain, la nouvelle tombe : elle s'est faite tuer par un train en tentant de regagner sa demeure. À la déprime s'ajoute la culpabilité de n'avoir su empêcher ce drame. Après avoir agressée une collègue qu'elle rend responsable de la mort d'Albane, Kaya ne va plus au lycée et plonge donc dans la dépression. Un psychiatre rend son diagnostic et conseille de mettre la jeune fille en hôpital psychiatrique. Il faudra passer par une hospitalisation à la demande d'un tiers, soit forcer Kaya à accepter la décision de ses parents. La voilà enfermée dans un enfer psychiatrique où le remède est pire que le mal. Mais lorsqu'on est au bout du rouleau, il ne reste que la vengeance...
Dans le morne univers de l'autopublication, les éditions Vérone semblent étrangement être largement au-dessus du lot (voire la sympathique série de Pierre Egret autour du monde de la danse) : peut-être parce qu'il y a un réel choix éditorial au lieu de publier en vrac quiconque signe un chèque ? D'où ce roman qui n'aurait pas dénoté dans une édition traditionnelle si ce n'était sa courte taille (le baiser de la mort en ces temps de Livre Ventripotent™). Mais attention : tout ici est gris, triste, déprimant à faire passer un morceau de Joy Division pour une bluette filgoude. Pas de véritable complaisance dans le mélodrame, plutôt une sensibilité à fleur de peau qui imprègne chaque page et fait croire au récit. Stéphane Lagrevol a d'ailleurs l'intelligence de ne pas buter sur l'écueil du récit de vengeance : comme une certaine Carrie, mètre-étalon de ce genre, à chacun de juger si la violence exercée qui n'a rien de cathartique est justifiée ou non (et certaines scènes sont effectivement dignes d'un film d'horreur !). La fin glaçante clôture en beauté cette "mortelle randonnée" excluant d'office tout happy-end. Bref, on a là ce qui est le plus rare : un auteur qui a une voix et quelque chose à dire, en dépit de minuscules scories qu'un travail éditorial soutenu aurait permis de lisser. Espérons qu'il trouvera un public à sa hauteur...
Citation
Dans le couloir L, Rebecca faisait machinalement glisser le cylindre métallique masquant l'œilleton de chacune des portes avant de jeter un regard aux patients. La plupart ne se donnaient pas la peine de tourner la tête et ceux qui, par réflexe, le faisaient ne lui renvoyaient qu'un regard vide voilé par une mort fantôme.