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Une ville désespérée la nuit
Villebasse. Une ville ancienne, anciennement industrielle. Depuis la disparition des usines, les habitants vivent, tant bien que mal, dans cette vallée ingrate mais dont ils n'arrivent pas à partir. Entre des étés très chauds et des hivers très froids, chacun se replie sur soi et attend les beaux jours, une éclaircie. Les habitants sont tellement blasés de la vie qu'ils ne se rendent même pas compte - ou alors n'en parlent pas -, que la lune devient, à certains moments, bleue. D'un bleu qui rappelle celui des yeux du chien qui rôde depuis quelques temps en ville. Mais ce chien semble s'occuper des habitants, les réconfortant par sa présence, attaquant parfois un homme méchant qui traîne en ville, le déchiquetant après un viol. Nous allons suivre une jeune femme. Abandonnée par sa mère qui a préféré les rumeurs de la ville, elle a été élevée par son beau-père. Ce dernier est en train de mourir et, même s'il ne la traite pas avec gentillesse, elle s'occupe de lui, reculant un amour et un avenir possible avec un jeune homme. Autour d'elle, nous allons également observer un grand nombre de personnages qui habitent là. Vivotant, jonglant avec les minimas sociaux, des petits boulots de serveuse, de caissière, de manœuvres, chacun essaie de perdurer dans son être.
Le roman d'Anna De Sandre s'appuie sur cette description entre roman noir, éléments fantastiques et touches sociales des déshérités, des exclus, des laissés sur le bord de la route de la Start-up nation, pour non pas raconter une intrigue classique, mais développer par petites touches une description noire, désenchantée et poétique d'une petite ville de province. C'est le chien, lié à cette lune bleue étrange, qui fait office de nettoyeur et de soutien de la vie, protégeant les uns, effrayant les autres, quémandant un peu de nourriture pour redonner de l'humanité aux gens. Il faut accepter d'entrer dans cet univers, dans le style qui parvient à rendre avec poésie la misère et la difficulté, les relations tendues, les échecs de la vie, sans sombrer dans le misérabilisme ou le langage vulgaire, pour apprécier cette Villebasse de haute qualité littéraire.
Citation
Une moisissure sous le papier peint retint son attention : elle avait encore gagné du terrain pendant la nuit. Cette maison, un jour, irait à vau-l'eau, se détacherait comme un radeau d'un ponton et ce serait le seul moyen de faire avancer les choses...