Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
Le Diable se niche dans les détails
Robert Leroy Johnson est une figure centrale de l'histoire du blues. Auteur d'une poignée de chansons, vingt-neuf pour être précis, il a mené une vie de bâton de chaise. La légende raconte que, s'il a été l'un des plus grands maîtres du blues, c'est principalement parce qu'il avait accepté un pacte signé avec le Diable, laissant son âme en échange de son nouveau talent. Des années après sa mort, l'historien Donald Kane, spécialiste autodidacte du blues, reçoit une lettre d'une vieille dame. Cette dernière possèderait des reliques laissées par le maître. La vieille dame, restant sans descendance, est prête à donner à Donald Kane et à l'anthropologue Virginia Craft (une autre amatrice de Robert Johnson) les reliques en sa possession. Les deux chercheurs se mettent donc en route et récupèrent des documents. Parmi ceux-ci, Kane semble penser qu'il vient de découvrir la trentième chanson du Maître. Alors qu'il laisse un double à un musicien de blues, très influencé par Robert Johnson, pour qu'il essaie de mettre en forme le document, il se lance avec Virginia Craft sur d'autres pistes. En effet, certains détails découverts dans les affaires du chanteur font penser que ce brave musicien avait multiplié les précautions d'ordre surnaturel pour éviter de se faire attraper par le Diable. Il avait ainsi utilisé des gris-gris qui s'apparentent au vaudou. Coup de chance pour nos chercheurs : la grand-mère de Virginia Craft est l'une des dernières "sorcières" en activité de la région. Mais alors qu'ils vont commencer leurs pérégrinations, Donald Kane et Virginia Craft voient un certain nombre de bâtons se mettre dans leurs roues - le musicien qui les aidait se suicide de manière bizarre ; la mort de la vieille dame qui leur a confié les reliques est également suspecte, et un policier véreux les surveille. De plus, des objets maléfiques tentent de perturber Donald Craft. Le Diable existerait-il et chercherait-t-il toujours à se venger de Robert Johnson qui aurait réussi à lui échapper ?
Le récit d'Hervé Gagnon joue donc habilement sur deux tableaux tout en utilisant une figure musicale célèbre. D'un côté, une intrigue policière classique, avec un jeu de pistes pour découvrir le trésor d'un personnage célèbre et, de l'autre, un récit qui bascule dans le fantastique, avec le Diable, un pacte que l'on essaie d'éviter et des actes vaudous. Le tout, de forme classique, est distillé avec soin et maîtrise, par un auteur qui sait construire son intrigue, qui sait faire basculer son histoire dans le fantastique puis la ramener dans le réel, même si l'on comprend bien que la piste diabolique est privilégiée. Le tout est mené jusqu'à une conclusion logique dans un roman difficile à quitter avant de découvrir les dernières pages. Crossroads en ne jouant pas les prolongations, comme dans des romans plus étirés sur plusieurs volumes, emporte la conviction et est une des meilleures partitions littéraires de Hervé Gagnon.
Citation
Mon client a un penchant pour les contrats en bonne et due forme. Pour se protéger, vous comprenez ? Et pour assurer le respect des conditions, évidemment. De toute façon, la question est purement rhétorique.