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Tout public
Nantes interdit
La capitaine de police Céleste Ibarbengoetxea a quitté la BRI parisienne après avoir subi les assauts d'un tueur retors, affaire qui l'a laissée mutilée et handicapée. Après une longue convalescence, elle est mutée à la PJ de Nantes qui devrait être plus tranquille. Mais sa première affaire s'avère compliquée : on a retrouvé le cadavre d'Anne Ernotte, une riche industrielle, victime d'un apparent suicide. En effet, elle a été empoisonnée à l'aconite. Pourtant, son profil ne correspond guère : dévote, elle se consacrait à des œuvres philanthropiques auprès des SDF. Et ce n'est pas la seule contradiction : d'abord, à l'autopsie, le corps dévoilé est couvert de tatouages japonais extrêmement complexes qui sont quasiment une signature en eux-mêmes. Ensuite, le corps présent des traces de violences sexuelles extrêmes. Involontaires ou volontaires ? Après tout, Anne Ernotte ne fréquentait pas les lieux où la bonne société nantaise s'adonnait à des parties fines. Autre indice encore plus troublant, elle avait changé dernièrement son testament au profit d'un parfait inconnu. Les preuves accablent celui-ci, mais peut-être un peu trop : chercherait-on à le charger ? Quels secrets pouvait cacher cette dame bien sous tout rapports ?
Curieux début pour ce roman qui donne l'impression de prendre en route une série dont il manquerait l'épisode précédent qui, de ce qu'il en est dit, pourrait être intéressant... La suite se situe dans une enquête sous forme de marabout-d'ficelle menée par une enquêtrice correspondant au DAP (Détective À Problèmes) cher à Michel Lebrun qui, comme dans les années 1970, découvre les turpitudes d'une certaine haute bourgeoisie. Comme tout polar se doit désormais d'être choral, on a le droit également à l'itinéraire morcelé de la victime, certainement la partie la plus aguichante du roman. Quant à la conclusion, elle est également assez classique, quoique avec la rigueur logique nécessaire au genre. Bref, tout pour faire un (bon) roman de série qui aurait en son temps été intégré à des collections comme "Spécial-Police" ou "Masque jaune". Seulement voilà, ont frappé les deux pires syndromes du genre actuel : celui du Livre Ventripotent™ et la soumission obligatoire aux codes de la série télévisée... Car cinq cents pages, c'est bien long, et pour combler l'auteure multiplie les personnages secondaires dès le début, ce qui rend le roman un peu difficile d'accès, les dialogues (BEAUCOUP de dialogues, heureusement vivants) et les intrigues secondaires pas forcément utiles. Reste l'écriture, certes froide, mais faussement simple, qui se distingue par des notations extrêmement bien senties et très précises. Comme si le talent de Céline de Roany cherchait à pointer sous les contraintes commerciales...
Citation
L'assistante d'Anne faisait presque partie des meubles. Elle était la mémoire de la maison, la plus ancienne employée de tous les services hors production. Avec ses cheveux ternes tirés en queue-de-cheval, son pull ras-du-cou marron glacé, son pantalon marine et ses chaussures plates, elle n'attirait l'œil de personne. Mais Franck savait exactement de quoi il retournait et jusqu'à quel point il pouvait lui faire confiance. Elle ne serait jamais une amie, mais elle serait toujours une alliée.