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Grand format
Inédit
Tout public
268 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-35887-800-5
Coll. "Littérature"
Ombre et lumière autour du Mur
Gerd est un communiste allemand qui, après la Deuxième Guerre mondiale, suite à ses actions de résistance, devient un homme important des services secrets est-allemands. Sous l'égide de sa maîtresse et supérieure, Käthe, il est chargé, comme commissaire politique, de plusieurs actions. L'une consiste à participer à des réunions sur l'avenir de Berlin avec les anciens alliés, devenus ennemis, et éventuellement à les retourner. L'autre à surveiller un programme spécial qui consiste à élever de manière cachée des rejetons de scientifiques restés à l'Est avec l'espoir que ces enfants seront aussi intelligents que leurs parents, et qu'ils pourront servir la République démocratique allemande. Lors de l'une de ses surveillances, il a une brève liaison avec une savante, et un enfant naît de cette rencontre. Il va essayer de faire que cet enfant puisse être vu par sa mère, malgré le secret. En même temps, il s'est lié avec Liz, une Américaine, qui travaille pour les services américains, entre mission officielle de reconstruction de Berlin et opérations spéciales. Il devient même une sorte d'agent double, donnant des informations sans importance aux Américains. Bien sûr, avec le temps, il se pose de plus en plus de questions : vers qui doit aller sa véritable fidélité, Käthe avec qui il continue d'avoir une liaison et qui joue avec lui au chat et à la souris ou bien Liz avec qui il a une relation platonique de plus en plus intense ? Mais il y a également la mère de son fils qui veut fuir à l'Ouest...
Raconté principalement à travers le regard de Gerd, le récit crée une situation labyrinthique où chaque pas se pose sur une mine : quand Liz ou Käthe lui propose quelque chose, l'autre femme a l'air de le savoir. L'adjoint de Gerd travaille lui aussi pour les deux camps, mais qui sert-il vraiment ? Et quand des jeunes gens doivent s'enfuir par des tunnels, doit-il appuyer cette recherche de liberté (à laquelle Liz participe de loin) ou en profiter pour glisser dans les fuyards des agents est-allemands ? Tout est biaisé, au sein d'une atmosphère feutrée, car l'on suit Gerd, un homme qui ne passe pas son temps à des tortures ou des actions d'éclat, mais bien à gérer ses dossiers et ses relations avec trois femmes de sa vie. Rendu avec soin, le poids de la politique et des trahisons sur Berlin, vécu à travers des réunions devant une tasse de thé, des réunions où l'implicite est plus présent que les phrases sincères, le récit de Laurent Petitmangin montre avec force, sans violence, l'univers tendu des espions, en même temps qu'une sorte de bonhommie, et restitue avec soin la façon dont chaque mouvement est interprété, prête à une distorsion de l'information et peut constituer un piège qui se retourne contre celui qui le fabrique. Ainsi Berlin est un roman d'espionnage éminemment noir sur l'âme humaine, sur ses contradictions, sur les difficultés entre l'idéologie et la vie privée, sur la manière dont, discrètement, des êtres vont être sacrifiés non pour des raisons étatiques mais pour renforcer une fausse information. Un maître récit, avec l'art de ne rien toucher.
Citation
Je ne rêve plus. Mon sommeil est droit, ainsi ils n'auront pas à chercher je ne sais quelles autres frusques pour m'habiller. Il ne leur restera qu'à me ceindre de la veste, et d'y accrocher les médailles. Elles ne brillent plus à la lune depuis longtemps.