Si la cour du mouton est sale, ce n'est pas au porc de le dire

J'étais tellement malheureux que j'ai tout craqué pour rincer des Gaulois jusqu'aux chaussettes. Ils ont agrandi le cercle pour m'accueillir dans les brumes de la fraternité.
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Roman - Insolite

Si la cour du mouton est sale, ce n'est pas au porc de le dire

Drogue MAJ lundi 01 mars 2010

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 16 €

Florent Couao-Zotti
Paris : Le Serpent à plumes, janvier 2009
200 p. ; 21 x 13 cm
ISBN 978-2-268-06890-9
Coll. "Serpent noir"

Actualités

Proverbes sages du Bénin

À Cotonou, les rivalités sont multiples. Il y a celle qui oppose les hommes aux femmes, les putes aux clients, la police aux trafiquants de drogue, le détective privé au Libanais, les noirs aux blancs, les gros seins aux petits jugés ridicules, et les proverbes aux proverbes. Le titre de ce roman n'est d'ailleurs rien d'autre qu'un proverbe tiré de l'exergue d'un chapitre. Et le livre nous en offre ainsi vingt-quatre. Et la question qui se pose est pourquoi avoir choisi comme titre "Si la cour du mouton est sale, ce n'est pas au porc de le dire" plutôt que "Qui veut avaler un coco fait confiance à son anus" ? Car ce roman est avant tout le récit de personnes à qui il ne faut surtout pas faire confiance.

Et à ce jeu du je te fais pas confiance, Smaïn est très fort. Smaïn est un homme d'affaires libanais. Beau garçon, il a le feu dans la culotte. Il aime les belles plantes, et ça tombe bien, Cotonou en est plein. Les belles plantes attirent les ennuis. Il a tout d'abord perdu un bras remplacé par une belle prothèse en bois. Puis il a égaré une mallette bourrée de drogue. Volée par une pute, qu'il a fini par laisser se faire tuer sans qu'elle avoue où elle l'avait cachée. Là-dessus arrivent une véritable tigresse (qui échange la mallette contre des faux billets avant de tuer son associé du moment – quand on vous dit qu'on ne peut faire confiance à personne dans ce roman !), un détective privé (statut qui n'existe pas au Bénin pour son plus grand malheur) suivi pas à pas par des flics pour une fois honnêtes (tiens, c'est les derniers à qui on aurait pourtant fait confiance), et toute une foule d'emmerdes.

À mesure que l'histoire avance, que s'égrènent des proverbes et que se délie l'écriture toute imagée de Florent Couao-Zotti, Smaïn, lui, se délite. Commence à pisser le sang de partout. On navigue en plein drame, les morts gratuites se multiplient, et pourtant ça nous est conté à la manière d'une farce ou d'un mauvais film d'horreur de série Z. Et l'on se prend à aimer ça. À attendre ce que l'autre va se manger en franchissant cette grille, cette porte, cette palissade. On est surpris comme le sont les personnages qui s'en prennent un peu beaucoup des baffes. Des graves et des sévères à côté desquelles le bourre-pif à l'occidentale parait bien saugrenu. Et il ne faut pas embêter la population. Car rien de plus dangereux qu'une foule en colère menée par un sage qui parle selon la situation du moment. Mais la farce a sa morale. Peu importe car on a pris beaucoup de plaisir a vivre cette tranche de couao-cotonouade…

Récompenses :
Prix Ahmadou-Kourouma 2010

Citation

- Jette ton arme, petit, lui enjoignit-il. Ou pose-la par terre si tu ne veux pas qu'on te brise les genoux.
- Et si je refusais ?
- Tu auras alors choisi la décision la plus bête de ta vie.

Rédacteur: Julien Védrenne dimanche 17 janvier 2010
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