Contenu
American predator
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Corinne Daniellot
Paris : Sonatine, novembre 2021
360 p. ; illustrations en noir & blanc ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-35584-837-7
Quand la réalité dépasse la fiction
Nous sommes le 2 février 2012 à Anchorage. Une jeune fille travaille dans une station service, mais elle ne rentrera jamais chez elle. Le lendemain, son père et son petit ami s'inquiètent. Les bandes vidéo montrent que la jeune fille a été enlevée par un homme qui a attaqué la station service. On ne retrouve pas sa trace : la police locale et le FBI commencent à enquêter, s'interrogeant si la jeune femme est morte. Ils ont de l'espoir, quand une demande de rançon arrive avec une photo qui pourrait laisser penser qu'elle était encore vivante le 13 février. Mais des retraits d'argent avec sa carte bancaire venant de différentes banques de plus en plus éloignées de l'Alaska les surprennent. Finalement, les policiers arrivent à prévoir l'endroit et le distributeur où sera probablement retirée la prochaine somme. Ils parviennent à arrêter le suspect, mais les choses deviennent alors encore plus compliquées et étranges.
Attention, nous ne sommes pas dans un roman, mais dans un récit journalistique, où l'auteure utilise l'ensemble des entretiens qu'elle a eu, les informations qu'elle a pu obtenir, afin de dresser tout d'abord la chasse à l'homme d'un ravisseur, avant de découvrir que, sans doute, derrière ce crime, s'en cache une multitude d'autres. Ce qui est décrit, c'est un tueur très intelligent, capable de se fondre dans la masse, connaissant, grâce aux séries télévisées et aux livres des profilers, l'ensemble des informations dont il a besoin pour s'acclimater et profiter de chaque occasion, en toute impunité. Si Maureen Callahan évoque quelques incuries dues au système américain (les procureurs ont besoin de publicité et sont parfois intéressés à dépasser la loi, à risquer de rendre un dossier illégal en se mettant en avant, les forces de police et des gardiens de prisons sont corrompues, la volonté du suspect à vouloir être condamné à mort en échange du silence sur les affaires le concernant, les passages d'un État à un autre qui rendent très complexes les possibilités d'arrestation), son récit est glauque et glaçant, montrant un prédateur qui a réussi à créer sa niche écologique, ne risquant que peu de choses. Nous avons l'impression d'être dans un film animalier, lorsque au ras de l'eau nous ne distinguons que les deux narines d'un crocodile. Les descriptions cliniques des actions du tueur, d'autres crimes dont on ne saura pas s'il s'agit du même individu ou d'un autre de la même génération, l'angoisse des policiers et leurs difficultés à continuer à vivre sereinement pour protéger leurs concitoyens, renforcent cette impression qui culmine dans un final d'une noirceur imparable. Americain predator se lit comme un thriller et dégage encore plus une force de malaise, quand on sait qu'il ne s'agit pas d'une fiction mais d'un récit réaliste et documentaire.
Citation
À ce moment de l'enquête, Payne, Bell, Goeden et Nelson travaillent tous vingt heures par jour sans prendre de pause. Ils sont épuisés, les nerfs à vif. Dès qu'ils rentrent chez eux le soir, ils allument leur ordinateur et continuent leurs recherches.