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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Carole Delporte
Paris : Jean-Claude Lattès, septembre 2021
334 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-7096-6599-5
Coll. "Littérature étrangère"
Je est un autre
La narratrice Kelly Medina a une vie routinière entre son fils Aaron et son mari souvent absent. Jusqu'au jour où elle reçoit un appel d'un pédiatre pour confirmer un rendez-vous. Ce qui est impossible, Aaron étant adulte et parti pour l'université ! Elle apprend alors qu'une autre Kelly Medina vient de s'installer dans sa petite ville de Folsom avec son bébé. Pire, cette homonyme s'est inscrite à la même salle de gym qu'elle... Kelly tente de réfréner sa curiosité et, pourtant, il faut qu'elle rencontre cette autre elle-même. Elle découvre qu'elle vit dans un quotidien sordide et se demande même si elle est une bonne mère pour son jeune fils. Mais Kelly, suivie par un psy suite à un événement traumatique, n'est pas forcément une narratrice fiable. N'a-t-elle pas longtemps gardé une amie imaginaire ? N'a-t-elle pas tenté de dérober le bébé d'une autre femme ? Et pourquoi ne voit-elle jamais ce fameux Aaron ? Que veut-elle vraiment à son homonyme ?
Pour ceux qui trouveraient le postulat invraisemblable, votre humble serviteur a longtemps vécu dans une petite ville où il avait effectivement un homonyme, inscrit non pas à la même salle de gym, mais au même vidéo-club, et qu'il n'a jamais rencontré. Avatar du suspense domestique, où un événement extérieur menace une bonne épouse de la classe moyenne, public visé pour ce genre, le roman d'Amber Garza a au moins l'avantage d'intriguer par petites touches : on comprend vite qu'il s'agit en réalité d'une plongée dans la folie vue par une narratrice sans véritable recul sur les événements. Découpé en trois parties, le récit veut ménager des rebondissements dans chaque section, tous plus ou moins prévisibles pour qui connaît le genre, mais ce qui compte est la façon dont on y arrive. De plus, l'auteure ne cède pas à la tentation du Livre ventripotent™ : même si dans ce genre, les descriptions de la vie quotidienne de la narratrice sont obligatoires, on n'y passe pas des pages et des pages. Mais parfois, un peu trop de rebondissements tuent le rebondissement... Surtout lorsqu'on donne abruptement la parole à l'autre Kelly d'une façon telle qu'on se perd un peu entre qui est qui. Du coup, le final en devient confus, mais qu'on se rassure, on retombe dans le politiquement correct : quoi qu'aient pu commettre les deux protagonistes, c'est tout de même la faute du mari. Dommage, peut-être que plus de métier aurait permis d'arrondir les angles, même si on a lu bien pire ces derniers temps. Et là, il s'agit d'un premier roman...
Citation
À bien y réfléchir, c'était toi qui étais venue à moi. Et non l'inverse. Tu t'étais inscrite dans mon club de gym. Tu avais pris rendez-vous avec mon pédiatre. Tu avais emménagé dans ma ville. C'était toi qui t'immisçais dans ma vie.